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Dépression résistante : la kétamine en comprimé, une piste prometteuse

La kétamine ne peut, pour le moment, être administrée à un patient que sous contrôle médical à l’hôpital, ici par intraveineuse à l’hôpital de Palo Alto (Californie), en mars 2019.

Qu’elle soit administrée en intraveineuse ou en spray nasal, la kétamine – un anesthésiant utilisé depuis des années en chirurgie vétérinaire, également analgésique – a fait ses preuves pour soigner les personnes atteintes de dépression résistante, c’est-à-dire en échec d’au moins deux lignes de traitements médicamenteux pendant huit semaines. Son administration est très encadrée. Elle se fait à l’hôpital et sous surveillance, du fait de possibles effets indésirables : dissociation, modifications de la perception, élévation transitoire de la pression artérielle.

Un nouveau mode d’administration sous forme de comprimé oral à libération prolongée pourrait changer la donne. Une étude de phase 2 randomisée en double aveugle a évalué l’efficacité et la sécurité d’un tel traitement chez des sujets atteint de dépression sévère – score compris entre 20 et 30 sur l’échelle de Montgomery-Asberg Depression Rating Scale (MADRS) – et ayant suivi 4,8 traitements antidépresseurs en moyenne conduits au préalable sans succès. Les résultats sont parus dans Nature Medicine le 24 juin.

L’étude réalisée dans vingt établissements répartis en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan et à Singapour, comprenait deux étapes. Dans la première, 231 sujets ont reçu pendant cinq jours des comprimés de kétamine à la dose de 120 milligrammes (mg) par jour, puis ont été évalués huit jours plus tard. Les chercheurs ont sélectionné les patients ayant réagi à ce premier traitement pour réduire le taux d’échec, soit 168 personnes. Ces dernières ont ensuite été réparties en cinq groupes, chacun avec un dosage différent, soit un placebo, soit un comprimé de kétamine aux doses de 30 mg, 60 mg, 120 mg ou 180 mg deux fois par semaine pendant douze semaines. Les sujets prenaient leurs comprimés chez eux.

Des effets indésirables plutôt faibles

A l’issue de cette période, les résultats semblent prometteurs. « Tous les groupes traités ont eu des réductions moyennes plus importantes du MADRS que le groupe qui recevait un placebo. L’effet le plus important a été observé chez les patients qui avaient reçu des doses de 180 mg, le score ayant baissé en moyenne 6,1 points de plus que dans le groupe placebo », souligne Paul Glue, professeur de psychiatrie à l’université d’Otago (Nouvelle-Zélande). Autre nouvelle plutôt rassurante : la tolérance au traitement. La plupart des effets indésirables (vertiges, maux de tête, euphorie, dissociation, nausées…) étaient plutôt faibles pour la plupart. Dix effets indésirables graves – dont un suicide – ont été répertoriés, mais les auteurs indiquent qu’aucun n’était lié au traitement. Par ailleurs, aucun changement n’a été observé sur la pression artérielle.

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