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Gouverner sans majorité, l’« exemple breton »

Ils sont tous d’accord. La comparaison a ses limites. Bien sûr, le conseil régional de Bretagne n’est pas l’Assemblée nationale. Cet hémicycle local compte seulement 83 élus, n’écrit pas la loi, et orchestre des politiques publiques avec un budget de moins de 2 milliards d’euros. Le tout, à l’abri des pressions politiques et médiatiques nationales. Il n’empêche. A l’heure où les craintes de paralysie institutionnelle du pays vont bon train, faute de majorité parlementaire, l’exemple breton mérite d’être observé.

Depuis juin 2021, la collectivité est pilotée par un président (divers gauche), Loïg Chesnais-Girard, incapable de manœuvrer seul. Sa majorité rassemble seulement quarante élus socialistes, communistes, membres du Parti radical de gauche et quelques régionalistes. Chaque dossier réclame à l’élu de composer avec ses oppositions. Tantôt à sa gauche, tantôt à sa droite.

Un exercice de funambule qu’il assume : « Dans un conseil régional, aucun 49.3 [article de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans vote au Parlement] ou dissolution ne sont envisageables. Dans cette assemblée, nous devons trouver des solutions, ensemble. Après mon élection, cette situation ressemblait à un demi-échec. Aujourd’hui, je prends plaisir à composer avec les oppositions aux franges de ma majorité. »

Si l’entente reste houleuse avec certains écologistes, elle se révèle ponctuellement fructueuse avec d’autres opposants encartés chez Europe Ecologie-Les Verts, Ensemble sur nos territoires, ou à l’Union démocratique bretonne. Présidente du groupe Breizh a-gleizh autonomie, écologie, territoires, Aziliz Gouez explique : « La première année d’exercice a été éprouvante. Loïg Chesnais-Girard avait conservé ses réflexes de gouvernance en majorité absolue. Une mise au point collective a été nécessaire pour instaurer une véritable culture de la délibération. »

« On connaît nos lignes rouges »

Le président de la région reconnaît avoir « appris » à composer différemment : « Je ne peux plus maintenir un texte si toutes mes oppositions le contestent. On connaît nos lignes rouges. Je dois écouter et négocier comme au Parlement européen ou dans d’autres pays. Cette pratique du pouvoir est moins flamboyante, mais permet d’améliorer mon projet. »

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Les habitués du conseil régional vantent des travaux « plus exigeants » en commission pour préparer les votes en assemblée. Jadis comparé à une chambre d’enregistrement, l’hémicycle est devenu un espace plus stratégique et politique où le rôle d’opposant a gagné en considération. En février, le vote du budget primitif a provoqué le dépôt de quarante-quatre amendements qui ont, pour la plupart, été adoptés ou ont conduit à des réécritures de texte. Malgré ces tractations, trente-quatre élus ont maintenu leur veto. Loïg Chesnais-Girard a dû arracher une poignée d’abstentions pour valider son budget.

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