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« Lire l’Ukraine », un portail Internet pour faire découvrir les écrivains ukrainiens aux lecteurs français

Un poème calligraphié sur des panneaux de contreplaqué remplaçant des vitres brisées lors d’un bombardements, à Kharkiv (Ukraine), le 10 mars 2024.

Le 9 novembre 2023, la Gaîté-Lyrique, à Paris, recevait l’épouse du président Volodymyr Zelensky, venue inaugurer la deuxième ­implantation de l’Institut ukrainien à l’étranger, après Berlin en mars. « Heureusement, l’Institut ukrainien en France n’aura pas besoin d’un abri antiaérien. Cependant, aujourd’hui, les sirènes d’alerte aérienne retentissent au sein de toute la culture ukrainienne », déclarait Olena ­Zelenska, en rappelant que depuis le début de l’agression russe sept cents lieux ­culturels avaient été détruits en Ukraine. Elle ajoutait : « Notre culture atteste que nous existions, que nous existons et que nous existerons toujours. »

L’Institut ukrainien, dont la mission est de faire connaître la culture ukrainienne et de créer des liens culturels avec d’autres pays, a été fondé à Kiev, au sein du ministère des affaires étrangères, en 2018. Il traduisait l’élan né de la révo­lution de Maïdan, quatre ans plus tôt, et la nécessité de renforcer la résistance sur tous les plans, tandis que la Russie, après avoir annexé la Crimée, déstabilisait le Donbass et imposait, déjà, un affrontement militaire.

« Bien sûr, raconte Natalya Guzenko Boudier, la directrice de sa branche française, quand la guerre totale a commencé, en 2022, nos collègues se sont demandé ce qu’il fallait faire. Heureusement, même si l’équipe a été dispersée, ils ont décidé de continuer le travail. » C’est alors qu’est née, comme une évidence, l’idée d’implanter l’Institut dans des pays alliés. « Poutine s’en prend à notre identité elle-même, dont il nie la réalité. Faire découvrir notre patrimoine et ce que créent aujour­d’hui nos artistes, nos écrivains, est plus important que jamais. »

Le lancement, fin mai, du portail « Lire l’Ukraine », sur le site Internet de l’Institut ukrainien en France, répond à ce besoin. De plus en plus d’écrivains ukrainiens sont publiés en France, mais les connaissons-nous bien ? Natalya Guzenko Boudier cite le romancier et essayiste Artem Chapeye, auteur de dix livres, dont les Français n’ont pu découvrir qu’un roman, Loin d’ici, près de nulle part (Bleu et Jaune, 2021), et le récit de son engagement volontaire dans l’armée, Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes (Bayard, 2024). Ou l’écrivaine et philosophe féministe Oksana Zaboujko, « qui est très importante dans notre culture », mais dont les lecteurs français ne ­connaissent qu’un roman, Explorations sur le terrain du sexe ukrainien (Intervalles, 2015), sur une vingtaine de livres.

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