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« Face aux enjeux de la surprescription médicamenteuse, une approche collaborative et systémique est nécessaire »

L’Assurance-maladie et les syndicats de médecins libéraux viennent de signer une nouvelle convention médicale. En plus d’une revalorisation tarifaire et d’autres mesures, cette convention fait état des rémunérations supplémentaires pour les médecins qui réduisent leur taux de prescription des inhibiteurs de pompe à protons, souvent utilisés pour les problèmes d’estomac. Cette mesure paraît certes intéressante, mais demeure insuffisante.

La France se distingue par une consommation médicamenteuse parmi les plus élevées d’Europe, atteignant 328 milliards d’euros en 2022, en hausse de 9 % par rapport à 2021. Une partie considérable de ces prescriptions est jugée inappropriée à l’égard des recommandations et/ou des référentiels : 54 % des résidents en Ehpad et 25 % des personnes âgées en ville reçoivent des prescriptions inadéquates. Ces pratiques augmentent le risque que les médicaments interagissent entre eux et contribuent à l’augmentation des hospitalisations pour effets indésirables médicamenteux, qui ont plus que doublé entre 2007 et 2018.

Outre les implications cliniques et budgétaires, la surprescription présente également un impact environnemental considérable. Le secteur de la santé est responsable d’environ 8 % des émissions de CO2 en France. Les médicaments représentent presque un tiers de ces émissions à cause notamment de leurs lieux de production polluants en Asie. Enfin, en 2018, 17 600 tonnes de médicaments non utilisés ont été jetées par les Français, affectant la vie aquatique et favorisant l’émergence de bactéries résistantes.

La déprescription représente le processus de réduction ou d’arrêt d’un ou de plusieurs médicaments, avec pour objectif d’améliorer les résultats de santé des patients. Il s’agit d’une démarche édictée par un professionnel de santé, au même titre qu’une prescription, nécessitant l’engagement du patient. Elle implique une évaluation minutieuse des bénéfices et des risques de chaque médicament prescrit, en concertation avec les autres professionnels de santé.

Un exemple de déprescription est l’arrêt progressif des benzodiazépines chez les personnes âgées. Ces médicaments, souvent prescrits pour l’anxiété ou l’insomnie, peuvent entraîner des effets indésirables graves tels que des chutes ou des troubles cognitifs. Un tel processus de déprescription inclut ainsi une diminution progressive de la dose, accompagnée d’alternatives non médicamenteuses comme la thérapie cognitive comportementale pour gérer l’anxiété ou l’insomnie.

Créer une culture de la déprescription

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