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« Marianne » : Jean-François Kahn dénonce la vente envisagée au milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin

Le journaliste Jean-François Kahn, le 15 janvier 2015, lors de la cérémonie en hommage à Tignous, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le dessinateur est mort assassiné lors de l’attentat contre « Charlie Hebdo », le 7 janvier.

Il s’est décidé à parler. Après avoir longuement hésité, craignant de fragiliser davantage l’hebdomadaire qu’il a cofondé avec Maurice Szafran en 1997, Jean-François Kahn a finalement décidé de prendre la parole publiquement pour s’opposer à la vente de Marianne au milliardaire et fervent catholique Pierre-Edouard Stérin. « Je ne peux cautionner le fait qu’il y ait un acheteur qui, dans tous les domaines, soit l’exact inverse de ce pour quoi nous avons créé le journal », s’agace l’homme qui a quitté la direction de titre en 2007 et aura prochainement 86 ans.

Cela fait plusieurs semaines que l’octogénaire, qui échange tous les deux jours avec Maurice Szafran, se mobilise en coulisses pour ne pas voir le titre basculer entre les mains de M. Stérin. « Marianne ne peut devenir la propriété d’un personnage ultralibéral en matière économique, qui n’est pas laïc, et qui n’est pas patriote, car toujours exilé fiscal en Belgique », lâche M. Kahn, persuadé que, « au-delà des divergences avec la direction de la rédaction de Natacha Polony, sur le souverainisme et le protectionnisme, ce journal n’avait pas rompu avec ses fondamentaux jusqu’ici ».

Cette prise de position, avant tout symbolique, intervient alors que les négociations exclusives entre le fonds d’investissement Otium de Pierre-Edouard Stérin courent jusqu’à la mi-juin avec CMI France, groupe de médias de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. M. Stérin finance déjà plusieurs médias numériques se définissant comme « apolitiques », mais qui penchent à droite comme Néo, Factuel ou encore Le Crayon, auquel le président de la République, Emmanuel Macron, a accordé une interview diffusée mardi 4 juin. Critique envers le projet de loi consacré à la fin de vie, il a récemment fait un don de 18 000 euros au magazine de droite extrême L’Incorrect à travers le Fonds du Bien Commun, selon le média spécialisé La Lettre. « Financer un journal vichysto-maurrassien montre bien qu’il a des convictions très ancrées », selon M. Kahn. « Je refuse que mon nom, encore lié à Marianne, soit associé à M. Stérin alors que je suis très inquiet par la montée de l’extrême droite », explique encore Jean-François Kahn.

Un candidat en embuscade

Si CMI France réfute une accélération récente des discussions avec Pierre-Edouard Stérin, son bras droit, Alban du Rostu, est attendu par la rédaction mardi 11 juin pour détailler les garanties d’indépendance qu’est prêt à accorder le candidat au rachat. « Si le propriétaire majoritaire veut s’essuyer les pieds sur ces garanties, il le fera », est pourtant persuadé Jean-François Kahn, qui a d’ailleurs refusé de siéger dans un conseil visant à s’assurer que les garanties d’indépendance comme proposé par Denis Olivennes, le bras droit de M. Kretinsky, sont respectées. Contactés, MM. Stérin et du Rostu, n’ont pas donné suite.

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