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L’énigme Stéphane Séjourné, chef de parti en marge de la bataille des européennes

Stéphane Séjourné, ministre des affaires étrangères, lors d’un entretien au Quai d’Orsay, à Paris, le 1er mars 2024.

Cela n’a pas traîné. A peine sorti du bureau du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 13 janvier, le téléphone de Stéphane Séjourné, nommé l’avant-veille ministre de l’Europe et des affaires étrangères, sonne. « Alors, qu’est-ce qu’il t’a dit ? », s’enquiert Emmanuel Macron depuis l’Elysée. Ombre portée du président français sur la scène internationale, ce fils d’expatriés, qui a passé sa jeunesse entre Mexique, Espagne et Argentine, « a la place dont il a toujours rêvé », dit en souriant une ministre. Un peu écrasante toutefois. Quand il traverse la galerie des portraits du ministère, les figures de deux de ses prédécesseurs, Léon Blum et Pierre Mendès France, l’impressionnent plus que tout autre. En inscrivant son nom dans cette lignée, il se doit d’« être à la hauteur », confie au Monde le plus jeune ministre des affaires étrangères de la Ve République, 38 ans le jour de sa nomination.

Ironie du destin, celui qui voulait être pilote à 16 ans – il détient son brevet – passe une grande partie de son temps dans les Falcon de la République, car dit-il, « il faut savoir sauter dans un avion, de manière très opportuniste ». Et de citer son homologue américain, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, comme un « expert » en la matière. Entre ministres des affaires étrangères, « on communique directement sur messagerie, sans note diplomatique ou intermédiaire », se vante Stéphane Séjourné.

Discret dans la campagne des européennes, le ministre et chef du parti présidentiel s’intéresse surtout à la distribution des postes à Bruxelles après le 9 juin. Il travaille à la construction du futur Meccano institutionnel, afin de proposer au chef de l’Etat un certain nombre de scénarios pour les « top jobs ». Pour passer des « deals » dans les capitales étrangères, il a la confiance d’Emmanuel Macron, qui dit de lui qu’il est « transactionnel ». « Pour lui, la politique, c’est de la stratégie », approuve un ancien député de La République en marche. Tandis que Clément Beaune, ancien ministre délégué à l’Europe, le définit comme « un macroniste qui aime les appareils ». Autant dire un cas rare.

« Un ambitieux timide »

Mal à l’aise en public, le nouveau chef de la diplomatie française fuit les mondanités. Invité au dîner d’Etat donné en l’honneur de la France au palais royal de Stockholm, fin janvier, par le roi et la reine de Suède, où la queue-de-pie et le nœud papillon étaient de rigueur, l’ancien syndicaliste étudiant a décliné, alors que d’autres ministres se poussaient du col. « T’es marrant !, s’est étonné Emmanuel Macron, qui le connaît pourtant depuis dix ans. Les autres se précipitent, et toi non… ? » « Stéphane est un ambitieux timide, confie l’un de ses anciens camarades. Il a peur de la lumière, mais elle l’attire. »

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