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Au Royaume-Uni, la gauche du Parti travailliste accuse Keir Starmer de « purge »

Le leader du Parti travailliste, Keir Starmer, lors d’un événement organisé dans le cadre de la campagne électorale, au siège du Worcester City Football Club, à Worcester, au Royaume-Uni, le 29 mai 2024.

Il est midi, mardi 4 juin, au Nag’s Head Market, un marché du nord-est de Londres, dans la circonscription d’Islington North, où Jeremy Corbyn, chef de file du Labour jusqu’en 2020, se présente aux élections générales du 4 juillet en tant qu’indépendant, après avoir été exclu du parti par son successeur Keir Starmer. Sa réélection dans ce quartier qu’il représente depuis plus de quarante ans est un test pour l’aile gauche du Labour, qui refuse de céder au recentrage du parti opéré par M. Starmer.

Le marché, entre les vendeurs de saris, de fruits exotiques et les réparateurs de téléphones, est un bon thermomètre du quartier : les soutiens à M. Corbyn sont indéniables, mais pas majoritaires. Jacqueline, qui vend des plats caribéens (la plupart des commerçants n’ont pas souhaité donner leur nom), ne « s’intéresse pas trop » aux élections mais demande quand même si « Jeremy » est candidat pour le Labour et comment voter pour lui s’il est classé comme indépendant. Raham Singh, qui vend des montres d’occasion, assure apprécier « Jeremy » (ici, tout le monde semble l’appeler par son prénom) et votera « sûrement » pour lui, mais « ce sera difficile d’être élu sans le Labour en soutien ».

Nico, cordonnier, ne votera pas : « Je ne fais plus confiance aux politiques. Nigel Farage [pour l’extrême droite] est un clown, Keir Starmer est comme un conservateur et Jeremy a deux visages : il paraît bien, mais il est comme les autres politiques. » Il ne mentionne même pas Rishi Sunak, le premier ministre conservateur, qui s’enfonce dans les sondages. « Moi, je ne voterai pas Labour, la manière dont ils ont viré Jeremy n’est pas correcte », glisse un ami.

Choisi par les membres du Labour sur un programme très socialiste (promesses de nationalisations et de taxation des grandes fortunes), Keir Starmer, un ex-procureur général réputé pour son sérieux, a renoncé à toutes ces propositions pour ne plus promouvoir que la discipline budgétaire, la sécurité ou une gestion raisonnée de la migration.

Depuis 2020, il a méthodiquement affaibli l’aile gauche du parti, écartant M. Corbyn, au motif qu’il n’avait pas assez lutté contre les soupçons d’antisémitisme en interne et marginalisant l’influence de Momentum, le mouvement de soutien à son prédécesseur. Depuis que Rishi Sunak a annoncé, le 22 mai, des élections anticipées, cette « purge », comme la qualifient les membres de Momentum, s’est accélérée.

« Deux poids, deux mesures »

Diane Abbott, élue de la circonscription d’Hackney, proche d’Islington North, a failli en faire les frais. La députée, qui jouit d’un statut d’icône à gauche pour son inlassable combat contre les inégalités et parce qu’elle a été la première femme noire élue à la Chambre des communes en 1987, n’a obtenu de pouvoir se présenter de nouveau sous les couleurs du parti que le 4 juin, à la suite d’une forte mobilisation des habitants d’Hackney, après qu’elle a assuré que la direction voulait la pousser à la retraite. Mme Abbott a été suspendue du Labour en 2023 pour avoir relativisé, dans The Observer, le racisme dirigé contre les juifs, les Irlandais ou les Tziganes par rapport à celui visant les personnes noires.

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