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Européennes 2024 : retrouvez notre direct du 3 juin et les dernières informations sur la campagne

En Allemagne, les inondations s’invitent dans la campagne des élections européennes

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, en déplacement dans une commune sinistrée du nord de la Bavière, le 3 juin 2024.

Alors qu’elle avait occupé une place centrale en 2019, la question climatique était, cette année, l’une des grandes absentes de la campagne pour les élections européennes en Allemagne. A une semaine du scrutin, elle s’y est invitée à la faveur des inondations qui touchent le sud du pays depuis ce week-end et ont déjà causé la mort de quatre personnes.

Olaf Scholz lui-même a mis le sujet sur la table. En visite, lundi, à Reichertshofen, une commune du nord de la Bavière située dans une zone particulièrement sinistrée, le chancelier social-démocrate (SPD) ne s’est pas contenté de témoigner sa « solidarité » et de promettre « l’aide » de l’Etat fédéral. « C’est la quatrième fois cette année que je me rends dans un territoire inondé. C’est un rappel de ce qui est à l’œuvre. Nous ne devons pas négliger notre devoir de stopper le changement climatique provoqué par l’homme », a-t-il déclaré.

Dimanche, de la même commune, le vice-chancelier écologiste Robert Habeck, ministre de l’économie et de la protection du climat, a tenu le même discours. La fréquence des catastrophes naturelles est « un indicateur clair du changement climatique », a-t-il affirmé. Evoquant « des crues dites centennales [qui] se produisent désormais tous les deux ans », l’ancien président des Verts (2018-2022) a rappelé que « la limitation des émissions de CO2 ne doit pas être reléguée au second plan mais constitue une priorité absolue ».

Vue d’ensemble d’une zone sinistrée après des inondations, à Gotteshofen près d’Ingolstadt, le 2 juin 2024.

Que MM. Scholz et Habeck se soient vite rendus sur place n’a rien d’étonnant. En Allemagne, tout le monde sait que les inondations peuvent peser sur les résultats des élections. En août 2002, cinq semaines avant les législatives, le chancelier sortant, Gerhard Schröder (SPD), avait pris un avantage décisif sur son rival conservateur Edmund Stoiber (CSU) au lendemain de la crue dévastatrice de l’Elbe, dans l’est du pays. Après être venu très rapidement rencontrer les sinistrés, chaussé de bottes en caoutchouc, puis avoir décidé de reporter d’un an son plan de baisses d’impôts pour aider les régions touchées, Gerhard Schröder avait vu sa popularité s’envoler. Le 22 septembre 2002, il remportait les élections. Cinq semaines plus tôt, il était pourtant donné battu.

En juillet 2021, les terribles inondations qui ont frappé l’ouest de l’Allemagne, causant la mort de 180 personnes, ont également eu des conséquences politiques. Deux mois avant les élections législatives, l’image du candidat chrétien-démocrate à la chancellerie, Armin Laschet (CDU), surpris hilare lors d’une visite dans une commune sinistrée, avait littéralement plombé sa campagne. A l’inverse, son adversaire M. Scholz avait su habilement tirer parti de sa fonction de ministre des finances pour promettre le soutien du gouvernement fédéral. Deux mois plus tard, il remportait les élections.

A quelques jours des européennes, il est impossible d’évaluer l’impact des inondations actuelles sur le résultat du scrutin. Mais il est peu probable qu’elles fassent notablement bouger les lignes. En matière de lutte contre le réchauffement climatique, M. Scholz comme M. Habeck ont en effet un problème de crédibilité, comme l’a rappelé un rapport publié lundi par un panel d’experts, estimant que les prévisions de leur gouvernement en matière d’émissions de gaz à effet de serre étaient irréalistes. Dans ce contexte, un rebond de dernière minute pour leurs partis respectifs semble assez peu probable. Dans les derniers sondages, réalisés avant les inondations, le SPD et les Verts sont au coude-à-coude, autour de 14 % des intentions de vote, loin derrière les conservateurs de la CDU/CSU (29-30 %) et à peu près au même niveau que le parti d’extrême droite AfD (15-16 %).

Thomas Wieder (Berlin, correspondant)

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