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Les négociations climatiques sous pression pour venir en aide aux pays du Sud

Deux hommes pagayent dans une rue inondée du quartier de Vila-Farrapos, à Porto Alegre (Brésil), le 29 mai 2024.

Si l’on attend une réponse rapide à la canicule historique qui frappe l’Inde, avec plus de 50 °C, ou aux inondations affectant deux millions de Brésiliens, ce n’est sans doute pas du côté de Bonn (Allemagne) qu’il faut se tourner. Les négociations climatiques intermédiaires de l’ONU, qui se tiennent comme chaque année dans la cité rhénane, du lundi 3 au 13 juin, constituent une session technique dont aucune décision politique n’est attendue, alors que ni les chefs d’Etat ni les ministres ne font le déplacement. Elles restent pourtant une étape importante dans la lutte contre la crise climatique, puisqu’elles préparent la prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, qui aura lieu à Bakou (Azerbaïdjan), en novembre.

Principal objectif pour les 6 000 délégués réunis à Bonn : avancer sur le dossier ultrasensible de l’argent que les pays développés versent à ceux en développement pour faire face au changement climatique et pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

A Bakou, lors d’une COP présentée comme « financière », les Etats doivent adopter un nouvel objectif mondial en matière de financement climatique, une première en quinze ans. Il doit remplacer, à partir de 2025, la somme des 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) par an qui avait été promise en 2009 par les pays industrialisés, historiquement responsables du réchauffement, aux Etats plus pauvres, qui en paient le plus lourd tribut. Cette cible a finalement été atteinte en 2022, avec deux ans de retard, ce qui a érodé la confiance du Sud et a empoisonné les négociations climatiques. Elle s’avère en outre hautement insuffisante.

Les négociateurs doivent résoudre de nombreuses questions sensibles, à commencer par le montant du nouvel objectif. Un groupe de haut niveau sur la finance climatique avait chiffré les besoins des pays en développement – hors Chine – à 2 400 milliards de dollars par an d’ici à 2030 − dont 40 % devraient venir de sources internationales. S’inspirant de cette étude, l’Inde et le « groupe arabe » ont proposé une enveloppe de 1 000 milliards de dollars, une somme rejetée par les pays développés. Ces derniers ne veulent plus être les seuls à mettre la main au pot. Ils poussent pour élargir la base des contributeurs, définie en 1992, aux pays qui sont aujourd’hui devenus d’importantes puissances économiques et de gros pollueurs, comme la Chine ou les pays du Golfe, ce que refusent les pays en développement.

« Se mettre d’accord sur le cadre »

Parmi les autres enjeux à trancher figurent également la période que le nouvel objectif couvrira (cinq, dix ou vingt ans), la qualité des financements (part de prêts, de dons, etc.), la transparence (comment rendre compte des progrès) et les piliers de l’action climatique concernés. « Les pays en développement souhaitent qu’il finance aussi les pertes et dommages [les dégâts irréversibles du réchauffement], en plus de l’atténuation [réduction des émissions] et de l’adaptation qui étaient concernés par les 100 milliards de dollars », explique Gaia Larsen, du think tank américain World Resources Institute (WRI).

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