Face à un adversaire réputé pour être réglé comme du papier à musique, Corentin Moutet a joué la partition quasi parfaite, dimanche 2 juin. Problème : cela n’a duré qu’un set et un break. Jannik Sinner a fini par renvoyer au vestiaire le tricoteur qui rend fou (2-6, 6-3, 6-2, 6-1).
Quarante-huit heures après avoir enflammé le chaudron du court Suzanne-Lenglen, le Français (79e mondial) découvrait le vertige d’un huitième de finale à Roland-Garros. Et le public du Chatrier – moins emballant que celui de son voisin –, a bien cru pendant quarante minutes que le sorcier de Neuilly allait faire disparaître la tête de série numéro 2.
Le show de Moutet démarre dès les premiers coups de raquette. Le dernier rescapé du camp masculin tricolore sort toute sa panoplie de sa boîte à malice : amorties millimétrées, lobs, passings, fulgurances en coup droit, tout y passe. Même le service à la cuillère en toute fin de premier set. Chez lui, cette petite balle molle rasante à l’effet slicé a le goût du poison. Le public déguste le spectacle – et, pour une fois, même les loges font le plein. Transparent, le cadet (22 ans) est mangé tout cru par le gaucher de 1,80 m à qui tout réussit (6-2). Petite sensation sur le Central.
Après l’attaque, place à la défense : au terme de rallyes marathon, Sinner craque et concède d’entrée sa mise en jeu. A 3-2, les 15 000 spectateurs se lèvent, hypnotisés par un point conclu d’un smash par Moutet, après avoir distillé deux amorties et deux lobs. L’Italien en a alors assez vu. Il prend enfin la mesure du jeu de moins en moins imprévisible de son adversaire, retrouve son jeu de fond de court, sa longueur et son coup droit incisif. Cette fois, c’est le Français de 25 ans qui déguste. Le numéro 2 mondial décoche trois coups de fusil au moment de servir pour le gain du set à 5-3 et recolle à une manche partout.
Moutet « joue différemment des autres »
Les deux derniers sets sont à sens unique. Sinner accélère, déroule et lève les bras après 2 h 41. « J’étais très agressif au premier set. Dès que j’avais une occasion de l’attaquer, je le faisais. Cela demande énormément de concentration et d’énergie. Je n’ai pas réussi à le faire assez longtemps pour gagner le match, c’est tout », a analysé Moutet en conférence de presse. L’enfant terrible du tennis français quitte malgré tout le tournoi en s’étant racheté une conduite (« Je n’ai pris aucun avertissement en quatre matchs, j’espère avoir changé un peu l’image que les gens me collaient »).
Son bourreau du jour, lui, était évidemment soulagé. « C’était très dur surtout au début, il a fait un premier set incroyable. Il joue différemment de la plupart des autres adversaires, je suis content de m’en être sorti », a commenté la bête noire des Français, déjà tombeur de Richard Gasquet au deuxième tour.
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