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La dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s, un coup de semonce pour le gouvernement

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, à Paris, le 22 mai 2024.

L’imminence des élections européennes n’aura pas protégé la France. Après des mois de suspense, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a finalement abaissé la note qui évalue la qualité de la dette française, vendredi 31 mai au soir, dix-huit mois après un premier avertissement, émis fin 2022, au sortir de la crise liée au Covid-19. C’est la première fois depuis 2013 que S&P dégrade la note souveraine française, mais la deuxième en un peu plus d’un an que l’une des trois agences de notation la sanctionne, après Fitch, en avril 2023. Ramenée de AA à AA −, soit le même score que la République tchèque ou l’Estonie, la note reste néanmoins parmi les meilleures du barème des agences.

« Nous restons à un niveau de notation très bon, a immédiatement réagi le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, dans un entretien au Parisien publié vendredi soir. C’est comme si nous étions passés de 18 à 17 sur 20 ! Notre dette trouve facilement preneur sur les marchés. La France garde une signature de haute qualité, une des meilleures au monde. »

L’agence justifie sa décision par plusieurs arguments : à 5,5 % du produit intérieur brut (PIB), le déficit public 2023 a été « significativement » plus élevé que prévu ; celui-ci ne passera pas à ses yeux sous les 3 % d’ici à la fin du quinquennat, comme le prétend le gouvernement ; et la dette française en proportion du PIB va continuer à croître d’ici à 2027. « Le ratio de la dette publique française est désormais le troisième plus élevé de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie », constate S&P, qui estime en outre que la charge d’intérêts de la dette française va s’alourdir elle aussi, passant à 5 % du PIB en 2027, contre 3,3 % en 2023. Si elle admet que l’environnement économique pourrait s’améliorer au second semestre, elle considère que la « fragmentation politique ajoute à l’incertitude » en France, et contraint la capacité à agir de l’exécutif.

« Sanction »

Les oppositions ont immédiatement saisi l’occasion pour étriller la gestion budgétaire du gouvernement. « La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu’arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d’impôts, de déficit et de dettes », a dénoncé, sur le réseau social X, la cheffe des députés du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen.

« C’est une sanction à l’égard du gouvernement, qui refuse de s’engager dans une diminution conséquente des dépenses publiques et dans le désendettement de la France », a réagi Véronique Louwagie, députée (Les Républicains) de l’Orne et commissaire aux finances, qui s’est dite « prête à proposer quelques recettes et à “challenger” le gouvernement ». Le président de la commission des finances, l’« insoumis » Eric Coquerel, a estimé, pour sa part, que la décision « ne changera rien sur le plan économique et financier », mais a craint qu’elle ne serve à « justifier de nouvelles coupes budgétaires », pointant « la baisse des recettes et des cadeaux fiscaux au capital ».

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