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Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019 et Shameran Abed, président du Bangladesh Rural Advancement Committee : « Réduire l’extrême pauvreté et la faim dans le monde est faisable, et cela doit être fait »

Le président Lula a annoncé vouloir placer la présidence brésilienne du G20 sous le double signe de la justice et de la durabilité. L’un de ses principaux projets pour le G20 est la création d’une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, dont le but principal est d’inverser la tendance au recul enregistrée dans la réalisation des deux premiers « Objectifs de développement durable » lancés par les Nations unies en 2015 : la réduction de l’extrême pauvreté et celle de la faim dans le monde. C’est faisable, et cela doit être fait.

Les Nations unies s’étaient fixé pour ambition d’éradiquer l’extrême pauvreté, définie comme le fait de vivre avec moins de 2,15 dollars (1,99 euro) par jour, et la faim dans le monde. Mais, après des décennies d’amélioration, les crises récentes (la pandémie de Covid-19, l’inflation et la dette) ont fait que le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté ne diminue plus. Et, selon les critères de l’Integrated Food Security Phase Classification, utilisée par les ONG et les institutions internationales, 173 millions de personnes sont aujourd’hui confrontées à une crise alimentaire grave. Certaines crises alimentaires (au Soudan, à Gaza) sont dues aux guerres et à l’insécurité. D’autres sont liées à des crises météorologiques. Le monde a suffisamment de nourriture pour tous : à l’origine de chaque famine, il y a un échec politique.

La crise climatique se profile à l’horizon et touche déjà de plein fouet les citoyens les plus pauvres du monde, bien qu’ils soient ceux qui contribuent le moins au problème. Le 26 mai, alors qu’une vague de chaleur sans précédent en Inde et au Pakistan renvoyait des millions d’écoliers chez eux et des centaines d’autres à l’hôpital, un cyclone provoqué par les fortes températures a fait au moins 65 morts et déplacé des millions de personnes au Bangladesh et au Bengale-Occidental (Inde).

L’approche de « graduation »

Les problèmes liés à la pauvreté et ceux liés au changement climatique s’exacerbent mutuellement. Parce qu’ils travaillent plus souvent à l’extérieur, notamment dans l’agriculture ou la construction, les pauvres sont plus exposés aux aléas climatiques. A son tour, un événement climatique peut priver quelqu’un de ses moyens de subsistance et le faire basculer dans la pauvreté.

Mais ce n’est pas le moment de perdre espoir. Même avec le changement climatique, l’extrême pauvreté n’est pas un problème insurmontable. Nous disposons des ressources et des outils nécessaires. Si l’objectif de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 peut sembler ambitieux, des progrès considérables ont été accomplis au cours des cinquante dernières années. Le nombre de personnes vivant dans la pauvreté au seuil actuel de 2,15 dollars est passé de plus de 2 milliards en 1990 à 659 millions en 2019.

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