Close

A Bénarès, capitale spirituelle de l’Inde, Narendra Modi veut asseoir sa légitimité

Le soleil perce à peine que Bénarès suffoque déjà en cette fin mai. Hommes, femmes, enfants affluent dès l’aube vers les ghats, les berges le long de la rive gauche du Gange, accessibles par d’immenses escaliers en pierre, en forme d’amphithéâtre. Ils viennent se purifier dans le fleuve sacré, mais surtout se rafraîchir.

La ville sainte, écrasée par la canicule, doit voter le 1er juin, lors de la phase finale des élections législatives indiennes. Les urnes, ici, sont particulièrement scrutées car son représentant n’est autre que celui qui gouverne le pays depuis dix ans, candidat à un troisième mandat. Narendra Modi a choisi de lancer sa carrière nationale en 2014 en se présentant dans cette circonscription de 1,8 million d’électeurs et non au Gujarat, son fief politique qu’il dirigea durant treize années.

Des musulmans se préparent à se baigner dans le Gange, sur les ghats (berges) de Varanasi (Inde), le 27 mai 2024.

Le nationaliste hindou a préféré Bénarès (rebaptisée Varanasi), dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, une des sept villes saintes de l’hindouisme et la plus importante, qui lui offrait un double avantage politique : d’abord multiplier les chances d’emporter cet Etat du Nord, le plus peuplé d’Inde, clé dans la conquête du pouvoir, qui envoie à la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, 80 députés sur 543 sièges. Depuis 1991, la circonscription n’a échappé qu’une seule fois au parti à la fleur de lotus, c’était en en 2004 ; ensuite, conforter son image de défenseur de l’hindouisme.

Le BJP, mobilisé comme jamais

Bénarès occupe une place particulière dans le cœur des hindous, bien au-delà de la ville. La cité millénaire est considérée comme la capitale spirituelle de l’Inde, dédiée au dieu Shiva, son créateur légendaire, où les hindous fortunés viennent se faire incinérer sur les ghats pour permettre à l’âme d’atteindre directement le moksha : la libération définitive du cycle des réincarnations.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Inde, des élections législatives sous l’emprise de Narendra Modi

Dix ans après son arrivée au pouvoir, Narendra Modi a mobilisé comme jamais sa formation, le Bharatiya Janata Party (BJP). Son but : faire mieux ou aussi bien qu’en 2019, où il avait emporté 63,6 % des suffrages, pour conserver une légitimité personnelle indiscutable en cas de reflux de son parti dans le pays. La commission électorale lui a facilité la tâche pour lui éviter trop de concurrence. Une quarantaine de candidatures ont été rejetées, dont celle de Shyam Rangeela, un comédien qui se plaisait à l’imiter. Narendra Modi n’est opposé qu’à six candidats.

Pendant le rassemblement du dirigeant du BJP, Brajesh Pathak Ramnagar, à Varanasi (Inde), le 26 mai 2024.

Une armée de karyakartas, les travailleurs du BJP, sillonnent sans relâche la ville, de porte en porte, pour vanter la transformation urbaine réalisée par Modi et demander aux citoyens d’envoyer un message au pays tout entier en renouvelant leur confiance au candidat. Les grands chefs du parti s’y sont relayés, dont Amit Shah, le ministre de l’intérieur, le fidèle allié.

Il vous reste 74.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top