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A Apogoti, dans la périphérie de Nouméa : « Ce sont les pauvres qui vont payer »

Un barrage routier sur la Savexpress, voie rapide, à Dumbéa (Nouvelle-Calédonie), le 28 mai 2024.

Seule une poignée de logements se trouvaient plantés là, isolés, il y a une demi-douzaine d’années. Rue commerçante, église, immeubles sociaux, écoles, parc de jeu pour les enfants… Le quartier tout neuf des Jardins d’Apogoti, à Dumbéa, a jailli de terre sous la pression démographique vécue par l’agglomération du Grand Nouméa, vers laquelle continuent de converger des habitants des provinces des Iles Loyauté et du Nord, à majorité kanak. Aujourd’hui, il accuse le choc des émeutes du 13 mai. Tous ses commerces, ou presque, ont été pillés par de jeunes délinquants. Rescapée, la boulangerie, entreprise familiale wallisienne aux rayons généreux, est devenue le centre de la vie sociale. Elle ne désemplit pas, ce vendredi 31 mai.

« On n’a pas créé assez de mixité tout de suite. On a fabriqué une bombe à retardement. Je veux relancer la vie, ici. La priorité, maintenant, c’est le social. » En parcourant les rues pillées et brûlées de son village, en cette veille de week-end, le sénateur (Les Républicains) Georges Naturel exprime un mea culpa. En Nouvelle-Calédonie, partout, depuis l’explosion de violences du 13 mai, des citoyens accusent les responsables politiques, non indépendantistes comme indépendantistes, d’avoir privilégié leurs querelles internes au détriment de la jeunesse et de l’avenir du pays. Ancien maire de la commune de Dumbéa, M. Naturel vit ici, dans un quartier qu’il a largement contribué à dessiner.

Or les Jardins d’Apogoti sont coupés en deux. D’un côté de la Savexpress, la quatre-voies qui file de Nouméa vers le nord, les logements sociaux occupés par les Wallisiens et les Kanak. De l’autre, le quartier commerçant. Entre les deux, sous le pont routier et sur le rond-point, le barrage indépendantiste fumant a été dégagé quelques heures plus tôt par les gendarmes mobiles. Il reste des carcasses de voitures et de nombreux débris. Tandis que les « mamans » apportent les marmites du déjeuner en fin de matinée, les jeunes habitants s’assemblent. Pour la suite, « on attend les consignes », indique laconiquement un militant du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

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« Hé ! Monsieur le maire ! » Chacun salue M. Naturel comme l’ancien élu local de Dumbéa. La station Shell, restée intacte, demeure fermée, mais elle est gardée par ses propriétaires, Eugène Togna, le patriarche respecté de la grande aire coutumière kanak Djubéa-Kaponé, et son fils Rodolphe, membre (Union calédonienne-FLNKS) de l’opposition municipale de Dumbéa. Cette terre est la leur, et une foule immense avait assisté à l’inauguration de la station-service en 2020.

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