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Nouvelle-Calédonie : Macron prêt "à aller au référendum" sur la réforme du corps électoral

La tension reste vive samedi en Nouvelle-Calédonie où se révèle délicate la mission de « rétablir l’ordre dans les jours à venir », fixée par Emmanuel Macron qui se dit prêt, dans Le Parisien, à soumettre au référendum national la réforme contestée du corps électoral.

Emmanuel Macron s’est dit prêt à soumettre au référendum national la réforme contestée du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, notamment si les élus locaux échouaient à s’accorder entre eux sur le sujet, dans un entretien au Parisien paru samedi 25 mai.

« Je peux aller à tout moment au référendum » sur cette réforme déjà adoptée par le Sénat puis l’Assemblée, a fait valoir Emmanuel Macron, rappelant toutefois que sa volonté initiale est que les élus calédoniens s’entendent sur « un accord global qui viendrait enrichir le texte déjà voté par le Parlement ».

Après un vote dans les mêmes termes des deux chambres, le président peut en effet choisir, pour entériner une réforme constitutionnelle, de convoquer un référendum ou bien le Congrès, c’est à dire la réunion des députés et sénateurs à Versailles.

Le bilan des violences est passé vendredi à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans dont l’identité n’a pas été communiquée, tué par un policier.

Au surlendemain de la visite d’une journée du chef de l’État, les opposants à la réforme électorale qui a provoqué les émeutes à partir du 13 mai restent déterminés à obtenir son retrait définitif.

Emmanuel Macron s’était félicité jeudi de la retenue des forces de l’ordre. Il soulignait devant des journalistes calédoniens que « nos gendarmes et nos policiers n’ont tué personne ».

Dès le lendemain après-midi, les faits l’ont démenti. Un policier, « pris à partie physiquement par un groupe d’une quinzaine d’individus », a tiré un « coup de feu pour s’extraire » et tué un homme, à Dumbéa à côté de Nouméa, selon le récit du procureur de la République Yves Dupas.

Ce policier, qui présente des « traces de coups sur le visage » tout comme un collègue qui l’accompagnait, a été placé en garde à vue, a ajouté le procureur.

Une situation « extrêmement fragile »

Avant cet homicide dont les circonstances restent à éclaircir, deux gendarmes, dont un touché par un tir accidentel, trois Kanak (autochtones) et un Caldoche (Calédonien d’origine européenne) avaient été tués.

Des images de la télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, et des photos très commentées sur les réseaux sociaux, montraient le départ samedi matin du cercueil d’un indépendantiste de 19 ans, tué à Nouméa le 15 mai, en bateau vers l’île de Maré dont il était originaire.

Dans les secteurs et quartiers où les indépendantistes hostiles à la réforme électorale sont les plus nombreux et les mieux organisés, reprendre le contrôle des axes de communication et faire cesser les actes de destruction, principalement la nuit, va être un travail très long et complexe.

« C’est bien l’ordre qu’il faut rétablir, et rétablir vite, avant que la situation ne dégénère encore », a affirmé, vendredi, le Premier ministre Gabriel Attal, lors d’une cérémonie d’hommage aux deux gendarmes tués, près de Paris. « La situation aujourd’hui reste extrêmement fragile en Nouvelle-Calédonie, un rien peut la faire vaciller ».

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Le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a rapporté dans un communiqué, samedi, des opérations contre les barrages dans sept quartiers de Nouméa, principalement dans le nord de la ville. « La neutralisation et le nettoyage des barrages s’effectue sous la sécurisation des forces de police et de gendarmerie », a-t-il décrit.

Entre les quartiers de Ducos et Kaméré, une dizaine de tractopelles s’activent pour déblayer des amas de débris encore en feu, sous l’œil des gendarmes qui sécurisent la zone, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le Raid intervient le premier pour sécuriser le passage du convoi, sous le bruit incessant des pales d’un hélicoptère qui survole la zone. Des camions et balayeurs ferment la marche pour enlever les débris.

Évacuation de touristes français de métropole

Par ailleurs, l’évacuation de touristes français de métropole coincés sur l’île en raison des émeutes a commencé. De premiers vols à bord d’appareils militaires ont décollé de l’aérodrome de Magenta à Nouméa samedi, vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

« L’attente était interminable, puisque la réouverture de l’aéroport est repoussée de jour en jour », a raconté à l’AFP l’une de ces touristes, en référence à l’aéroport international de La Tontouta, fermé depuis le 14 mai.

La nuit de vendredi à samedi a été encore agitée dans plusieurs quartiers de Nouméa et alentour.

À Kaméré, des maisons ont été touchées par des incendies et/ou pillées. Une mère de famille a raconté à l’AFP avoir été sortie de là via l’océan par le GIGN, avec « plusieurs dizaines de personnes du quartier ».

« On a su par les gens du quartier que notre maison avait été pillée dans la nuit comme d’autres. C’est horrible, très choquant », a-t-elle raconté en pleurs au téléphone.

Les autorités ont fait état de « 35 personnes, dont 7 mineurs », sauvées par la brigade nautique en pleine nuit.

« On maintient la résistance dans nos quartiers », a lancé Christian Tein, le chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, lors d’une conférence de presse vendredi. Il dénonçait « la forte répression (…) que notre population est en train de subir ».

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L’indépendantiste a dit vouloir « desserrer un peu l’étau de manière à ce que le carburant (…) et surtout les médicaments » puissent être transportés sans entraves. « C’est notre priorité », a-t-il assuré.

L’état d’urgence instauré le 16 mai prévaut toujours, avec les mesures qui l’accompagnent : couvre-feu de 12 heures quotidiennes, interdiction de rassemblement, de transports d’armes et de vente d’alcool, bannissement de l’application TikTok.

Le président de la République souhaite pouvoir lever cet état d’urgence grâce à un « apaisement » qui viendrait de négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

Il a donné jusqu’à fin juin aux élus et responsables politiques de l’archipel, aidés par une « mission de médiation » de trois hauts fonctionnaires dépêchés depuis Paris. L’objectif du président est « un accord global » qui « puisse être soumis au vote des Calédoniens ».

Avec AFP

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