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Roland-Garros : dans le « duel des papys », Stan Wawrinka éteint Andy Murray au premier tour

Stan Wawrinka, lors de son premier tour face à Andy Murray, lors du tournoi de Roland-Garros, le 26 mai 2024.

Et soudain, la voix adolescente et encore un peu nasillarde de Britney Spears réveilla le court Philippe-Chatrier, à l’heure des premiers bâillements. « Oh, baby, baby (…)/Give me a sign/Hit me, baby, one more time ». Dimanche 26 mai, pour sa soirée inaugurale, les organisateurs de Roland-Garros avaient prévu de bercer les nostalgiques.

Au menu, une affiche en noir et blanc entre deux monstres sacrés, Stan Wawrinka et Andy Murray, à eux deux 76 ans sur le court. Un ancien numéro un mondial contre un ex-Top 3, deux triples vainqueurs de Grands Chelems, qui plus est, les seuls à avoir bousculé le règne du « Big 3 » incarné par Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic.

Dans cet affrontement crépusculaire au propre comme au figuré, ce quatrième face-à-face de leur carrière à Roland, l’ancien vainqueur (2015) a une fois de plus fait la leçon au finaliste de 2016 : 6-4, 6-4, 6-2.

Il y a sept ou huit ans, les deux joueurs croisaient le fer dans le dernier carré des Grands Chelems. Désormais, le Suisse (39 ans) et le Britannique (37 ans) se retrouvent plus souvent dès le premier tour.

Vieux briscards cacochymes

Les blessures et les opérations n’ont pas eu raison des deux briscards cacochymes, qui continuent d’arpenter le circuit, malgré leur carnet de santé d’éclopé et de polytraumatisé. Murray (75e mondial) marche depuis 2019 avec une hanche en titane. Wawrinka a été opéré au genou gauche deux fois en 2017 – une arthroscopie, puis une greffe d’os et de cartilage. Murray est arrivé porte d’Auteuil tout juste remis d’une blessure à la cheville. Wawrinka (97e mondial) a déclaré forfait à Rome, dernière halte avant Roland-Garros, à cause d’un poignet droit endolori.

Sous le ciel noirâtre du court Philippe-Chatrier, les spectateurs ont pendant deux heures vingt applaudi comme il se doit les deux joueurs. Du moins ceux qui n’étaient pas dans la tribune présidentielle (vide) et les loges, désertées le temps que leurs occupants daignent finir leur dîner.

Short et chaussures assorties à la balle, « Stan the man » (c’est inscrit sur les pochettes de ses raquettes) a montré que son revers à une main n’avait rien de rouillé, exhibant toute la panoplie : du court croisé au long de ligne, de la balle rasante au missile transperçant le mur écossais…

Le doyen du vestiaire a débarqué sur la terre battue parisienne avec seulement trois victoires (pour neuf défaites) depuis le début de la saison… qui pourrait être la dernière, au même titre que son adversaire du soir. Mais l’un et l’autre ont décidé de prolonger la tournée d’adieu et, entre deux Challengers (la deuxième division du tennis), de s’inviter au festin d’un Grand Chelem. Histoire de goûter encore un peu à l’ivresse des ambiances de gala avant d’aller au tournoi des légendes.

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Mais sur cette terre battue parisienne qu’il n’a jamais vraiment affectionnée, les limites – et les fautes directes – du Britannique grossissent à la loupe. Le défenseur qui s’est longtemps complu dans les longs rallyes, s’essaie même désormais à l’amortie pour abréger l’échange. En octobre 2020, Wawrinka l’avait concassé en trois petits sets dans une version automnale du tournoi (pandémie de Covid-19 oblige) sur ce même court Philippe-Chatrier. Dimanche, il n’a pas davantage existé face à son rival et ami, en témoigne la longue accolade au filet entre les deux hommes.

« On a eu des énormes batailles depuis 15-20 ans, il y a beaucoup d’émotions, on n’est plus tout jeunes, on arrive à la fin, donc on essaie de profiter au maximum, dira le Suisse. Je suis le plus vieux dans le tableau mais dans ma tête je suis encore un enfant, j’ai envie de continuer. »

Sur un dernier revers long de ligne, il a prolongé l’envie d’avoir envie. « J’ai enchaîné des mauvaises défaites [cette saison]. Ça m’a coupé l’envie de me bousculer. Mais je n’ai jamais oublié pourquoi je joue au tennis. Ce n’est pas parce que je vieillis que je n’ai pas le même bonheur quand je viens ici », disait vendredi le dernier joueur à avoir remporté le tournoi avec un revers à une main. Le dernier aussi à avoir soulevé la Coupe des mousquetaires avec un short « affreux » (dixit Federer), à mi-chemin entre le pyjama et l’imprimé… écossais.

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