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Antonin Bergeaud, économiste : « Trouver la bonne recette pour financer l’innovation »

Antonin Bergeaud, professeur associé à HEC Paris.

Antonin Bergeaud, 35 ans, fait partie des trois nommés, hormis la lauréate Alexandra Roulet, pour le Prix du meilleur jeune économiste 2024. Associant des représentants du Cercle des économistes et du Monde, le jury met en lumière les travaux de chercheurs relevant de l’économie appliquée et permettant de promouvoir le débat public.

Quels chemins vous ont mené vers la recherche en économie ?

J’ai d’abord suivi un parcours scientifique assez classique. Lorsque j’étais étudiant à l’Ecole polytechnique, j’ai eu l’opportunité de faire un stage de recherche à la Banque de France, aux côtés de [l’économiste] Gilbert Cette. Pendant six mois, nous avons travaillé sur le décrochage de productivité entre l’Europe et les Etats-Unis sur longue période, en utilisant les données disponibles. Cela m’a permis de me rendre compte qu’on peut, avec une petite équipe, faire de la recherche sur des questions très importantes, qui touchent à des sujets de politique publique, avec un ancrage dans la réalité. C’est moins le cas lorsqu’on fait de la recherche médicale, par exemple : les équipes sont beaucoup plus lourdes, les enjeux financiers plus importants.

Vos recherches récentes portent sur la productivité, un thème dans lequel vous êtes entré par la question de l’innovation…

Après une thèse à la London School of Economics sur l’effet des innovations sur les inégalités, sous la direction de Philippe Aghion, je suis revenu à la Banque de France pour faire de la recherche sur la croissance économique. Actuellement, mes travaux visent à comprendre comment stimuler de la meilleure manière l’innovation pour entraîner un effet sur la productivité. C’est une question qui a des impacts très importants : en France, par exemple, les dépenses publiques en recherche et développement représentent 18 milliards d’euros par an environ, dont 7 milliards d’euros pour le crédit d’impôt recherche.

Comment cet argent doit-il être alloué pour obtenir des effets positifs sur l’innovation ? L’objectif est de parvenir à mettre en place une « recette » relativement simple d’allocation de ces financements de la recherche et du développement. Pour y parvenir, nous avons, par exemple, travaillé sur le projet LabEx. Mis en place en 2010, il consistait à répartir 1,5 milliard d’euros de financements entre 171 laboratoires de recherche en France, en les incitant à monter des partenariats avec le secteur privé. On s’est rendu compte qu’en ciblant en première intention les universités plutôt que les entreprises, on permet en réalité de toucher les entreprises particulières qui ont la plus forte capacité à collaborer avec des labos de recherche et donc d’accroître leur effort d’innovation.

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