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Soupçonné du meurtre d’un soldat tchadien, un infirmier militaire français se suicide en prison

Un infirmier militaire a été mis en examen le 26 avril pour homicide volontaire, soupçonné du meurtre d’un soldat tchadien. Ecroué le 14 mai et assurant avoir agi en légitime défense, Pierre-Olivier K., 33 ans, s’est suicidé quatre jours après, ont appris l’Agence France-Presse (AFP) et Le Parisien de sources proches du dossier, confirmées par le parquet de Paris, vendredi 24 mai.

L’homme avait d’abord été placé sous contrôle judiciaire, puis envoyé, sur appel du parquet, en détention provisoire à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) le 14 mai. Samedi 18 mai, il a été retrouvé pendu dans le quartier des arrivants, selon deux sources proches du dossier.

Ce secteur bénéficie de « rondes rapprochées », mais « il ne peut y avoir de personnes pour surveiller en permanence » dans une prison de 1 700 détenus, fait valoir l’une d’entre elles. Surtout, le jeune homme ne présentait pas « de signe précurseur » suicidaire, assure la seconde.

« L’incarcération l’a tué »

Toute mort en prison entraîne une enquête pénale ; le parquet de Créteil, qui dirige celle sur Pierre-Olivier K., a expliqué que la thèse du suicide était confirmée par « les constatations, le courrier laissé par l’intéressé à ses proches et les résultats de l’autopsie ».

Ses parents et son conjoint veulent toutefois qu’une autre enquête soit ouverte pour homicide involontaire et pour mise en danger de la vie d’autrui. Ils déplorent le choix des magistrats d’avoir écroué leur proche.

« Le motif principal pour lequel la détention a été demandée [par les magistrats] était pour le protéger contre lui-même d’un suicide et pourtant, c’est cette incarcération qui l’a tué », s’est indigné leur avocat, Mᵉ Patrick Ramaël. Jeudi, ils ont porté plainte contre X.

Au commissariat, le père a raconté, bouleversé, l’appel de son fils, deux jours avant sa mort : « Sors-moi de là, papa, c’est l’enfer. » Son fils, qui « était très fier » d’avoir « passé sa vie à servir son pays », « n’a absolument pas compris son incarcération, il s’est senti trahi », a-t-il aussi témoigné, d’après la plainte dont l’Agence France-Presse a eu connaissance.

Enquête ouverte au Tchad

L’affaire remonte au 5 septembre 2023, au Tchad. Un soldat vient à l’antenne militaire de l’emprise Faya Largeau pour soigner un doigt infecté, selon le parquet de Paris. Le soldat sera retrouvé « mortellement touché par plusieurs balles ».

D’après le récit de l’infirmier, livré à ses proches, ce patient tchadien l’a soudainement attaqué avec un scalpel. Pierre-Olivier K. aurait alors « appelé à l’aide » par talkie-walkie, et se serait défendu en braquant son arme et en « faisant des sommations », rapporte Mᵉ Ramaël.

Le soldat aurait persisté, le menaçant avec une « paire de ciseaux ». Pierre-Olivier K. aurait alors tiré. Un autre militaire, « venu à la rescousse », aurait aussi tiré, poursuit Mᵉ Ramaël. Une enquête a été ouverte au Tchad.

Le 5 septembre, le général Ali Maïde Kebir, gouverneur de la région du Borkou, dont Faya Largeau est le chef-lieu, assurait, notamment à l’AFP, que le militaire tchadien « n’était pas dans un état normal ».

Le Tchadien n’avait « aucune trace de sang », selon le parquet

A Paris, un juge d’instruction enquête également sous la direction de la section des affaires pénales militaires du parquet, compétente pour les faits reprochés aux militaires français en opération extérieure.

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La version de l’infirmier est alors « remise en question » par « les témoignages des primo-intervenants et les expertises », selon le parquet : le Tchadien « a manifestement été victime de tirs mortels dans le dos et alors qu’il se dirigeait vers la sortie ».

Que dire des blessures de Pierre-Olivier K. ? « Bénignes », elles ont « pu être auto-infligées », estime le parquet. Le Tchadien n’avait « aucune trace de sang, et seul le profil génétique du mis en examen a été retrouvé sur le scalpel », poursuit le ministère public.

Après l’incident, l’infirmier « avait été évacué au centre médical à N’Djamena », puis « hospitalisé en psychiatrie en France ». Il avait pu réintégrer son domicile, retrouver son quotidien avec son conjoint et avait demandé à être réformé pour travailler dans le civil. Ses obsèques ont eu lieu ce vendredi.

Le Monde avec AFP

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