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Fusion de l'audiovisuel public : la réforme retardée, nouvelles perturbations des antennes vendredi

Le projet de fusion de l’audiovisuel public porté tambour battant par Rachida Dati prend du retard : son examen à l’Assemblée nationale prévu jeudi a été repoussé, alors que tout le secteur est en grève pour s’y opposer. Vendredi, les antennes des médias de l’audiovisuel public, et notamment celles de France 24, restent perturbées.

Les antennes et les plateformes numériques de France 24 étaient fortement perturbées vendredi 24 mai par la grève observée depuis jeudi, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de France Médias Monde (France 24, RFI et MCD).

C’est le deuxième jour d’une grève des personnels du secteur de l’audiovisuel public contre le projet de fusion éclair, au 1er janvier 2026, défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Sur Radio France, comme jeudi, les émissions habituelles étaient remplacées par de la musique, certains bulletins d’information subsistaient sur France Info.

Côté télévision, la chaîne Franceinfo diffusait en direct, contrairement à jeudi où elle rediffusait des programmes. Un bandeau précisait tout de même : « en raison d’un appel à la grève, nous ne sommes pas en mesure de diffuser l’intégralité de nos programmes ».

Report de l’examen du texte

Les députés devaient débattre de cette réforme éclair en première lecture jeudi et vendredi. Mais face à l’encombrement de l’ordre du jour, le gouvernement a pris la décision de le reporter. Le texte pourrait n’être examiné qu’en juin.

Et ce alors que le calendrier voulu par la ministre de la Culture était déjà très contraint, avec une fusion de l’audiovisuel public programmée dès le 1er janvier 2026.

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Au sein de France Télévisions, la direction a recensé jeudi 12% de grévistes, tous métiers confondus. Le journal de 20 h de France 2 a quant à lui été réalisé « dans des conditions particulières », a indiqué sa présentatrice Anne-Sophie Lapix.

Plusieurs assemblées générales des personnels se sont tenues vendredi, dont une commune à la Bourse du travail à 10 h 00. Les grévistes ont débattu de la suite de la mobilisation avant l’examen du texte à l’Assemblée.

« Il y a du travail à faire », a lancé Antoine Chuzeville, représentant syndical SNJ (Syndicat national des journalistes) à France Télévisions.

Il a évoqué les pistes d’un « rassemblement encore plus grand fin juin », d’une « mobilisation des auditeurs et des téléspectateurs », ou d’un travail de persuasion auprès des parlementaires.

Benoît Gaspard, délégué Sud à Radio France, a pour sa part jugé « décevante » la réunion à laquelle les syndicats ont participé jeudi au ministère.

Les membres du cabinet de Rachida Dati « ne sortent pas d’une idée fixe : un texte de loi va passer », a-t-il dit. Il a rappelé « l’opposition » des syndicats à « toute forme de rapprochement de nos entreprises ».

« Agenda politique »

En plus de la grève, plusieurs rassemblements ont eu lieu en France jeudi, dont le principal à Paris, près du ministère de la Culture. Sous le slogan « Non à la casse de l’audiovisuel public », il a réuni plusieurs centaines de salariés et une délégation a été reçue au ministère.

« Votre grève très forte aujourd’hui fait déjà bouger les lignes, puisque l’agenda parlementaire a miraculeusement été décalé d’un mois », a lancé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue « apporter le soutien » de son syndicat.

Les inquiétudes sont particulièrement fortes à Radio France, où l’on craint que la radio soit phagocytée par la télé.

« On n’est pas contre une évolution de nos médias, mais on ne veut pas que ça se fasse de manière précipitée pour satisfaire l’agenda politique de notre ministre », a pour sa part déclaré à l’AFP Mathilde Goupil, déléguée syndicale SNJ (Syndicat national des journalistes) à France Télévisions.

« Ce n’est pas abouti »

Pour « rassembler les forces » de l’audiovisuel public, la ministre de la Culture Rachida Dati prévoit une phase transitoire avec une holding commune au 1er janvier 2025, puis la fusion un an après. Quelque 16 000 salariés sont concernés.

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Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte comprendrait également l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24 et MCD). L’intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel.

Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique. Mais les discussions pourraient être serrées avec la droite, qui est à l’inverse attachée à son inclusion.

Le député Renaissance et ancien ministre, Clément Beaune, s’est déclaré pour sa part « pas convaincu par l’état actuel de la réforme » de l’audiovisuel public, vendredi sur Sud Radio.

« Je comprends l’inquiétude (…) Je vais être honnête, je ne suis pas convaincu par l’état actuel de la réforme » visant la fusion des différentes composantes de l’audiovisuel public au sein d’une seule entité, a déclaré le député Beaune, ancien ministre délégué chargé de l’Europe (2020-22), puis aux Transports (2022-24).

« Est-ce qu’on intègre (dans la nouvelle structure) France Médias Monde, l’audiovisuel extérieur, France 24 et RFI, qui sont des télé et radio essentielles à l’influence française dans le monde ? Moi, je pense qu’il ne faut pas les inclure dans cet audiovisuel rassemblé », a ajouté le député de Paris, membre de l’aile gauche du camp présidentiel.

« Ce n’est pas fini, ce n’est pas abouti. Sur un sujet comme ça, je pense qu’il ne faut pas aller trop vite », a souligné Clément Beaune, en plaidant pour le « dialogue social » et un « temps nécessaire à l’écoute ».

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Au sein de ces quatre sociétés publiques, les craintes sont vives pour les moyens et les emplois. La société géante, dénommée France Médias, aurait un budget de quatre milliards d’euros.

Avec AFP


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