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Elles ont interrompu leurs règles : « C’est beaucoup plus facile de ne pas les avoir »

Photo issue de la série « Cicha Woda » (« eau calme »), entamée en 2018 par le photographe polonais Piotr Pietrus.

C’est progressivement que Marie Bultot, 38 ans, a décidé d’interrompre ses règles. Il y a cinq ans, en apprenant au détour d’un article que les menstruations induites par la pilule contraceptive étaient artificielles et qu’il était possible d’enchaîner les plaquettes pour arrêter les saignements, cette musicienne et ingénieure, qui vit en Provence, a commencé à le faire de temps en temps, « par confort ».

« Je n’ai pas des règles horribles, elles ne sont pas particulièrement douloureuses ni abondantes, explique-t-elle, mais je ressens une fatigue et je trouve désagréable de subir une baisse de régime pendant cette période. » Surtout quand cette période tombe pendant un concert, lorsqu’elle est en déplacement professionnel ou prévoit de pratiquer son sport, le yoseikan budo, une discipline proche du MMA. Il y a la baisse d’énergie à gérer, et puis, avoir ses règles, c’est aussi toute une logistique : pouvoir prendre une pause sans attendre pour vider sa coupe menstruelle, avoir accès à des toilettes, à de l’eau et à du savon pour la nettoyer. « C’est beaucoup plus facile de ne pas les avoir », lâche-t-elle tout simplement.

Comme elle, de nombreuses femmes choisissent de stopper leurs règles, sur une période plus ou moins longue et pour quantité de raisons différentes. Selon une étude menée par l’IFOP en 2021, 87 % des femmes menstruées interrogées aimeraient ne plus avoir leurs règles, à condition que cela soit sans danger pour leur santé et leur fertilité.

La pratique est donc a priori répandue, mais pas toujours bien vue. Au départ, Marie Bultot « déclenchai[t] » tout de même ses règles de temps en temps, tous les trois mois environ. Sa gynécologue lui avait bien confirmé qu’il était possible de vider plusieurs plaquettes à la suite, sans pause et sans danger, mais un doute subsistait dans son esprit quant au risque de prendre des hormones en continu. Et elle n’était pas rassurée par son entourage : « Mon choix n’était pas compris par mes amies féministes, qui ont besoin de ça pour se sentir femmes. Pourtant, moi aussi je suis féministe ! », explique-t-elle.

Sur son site Internet, le médecin Martin Winckler, auteur du livre Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les règles sans jamais oser le demander (Fleurus, 2008), indique que « toutes les connaissances actuelles montrent que l’absence de règles chez les femmes porteuses d’un implant, ou d’un DIU [dispositif intra-utérin] hormonal, ou lorsqu’une femme prend sa pilule en continu, n’a aucune incidence sur la santé ». Alors pourquoi une telle défiance autour de cette pratique ?

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