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« C’était avec la station Concorde que je pouvais être au boulot en vingt minutes » : les Parigots JO-phobes

Vente de produits souvenirs, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024.

Il leur a suffi de s’absenter quelques jours pour qu’à leur retour tout ait l’air légèrement différent. Après les ponts de mai, certains Parisiens ont éprouvé des sentiments pas très différents de ceux de jeunes adultes revenus chez leurs parents après qu’ils ont refait leur intérieur. C’est joli, c’est pratique, mais ils ne sont pas sûrs de retrouver leurs marques.

Ainsi de l’arrivée dans toutes les boutiques de leur quartier de présentoirs à bérets, de marinières imprimées « Paris mon amour », de magnets décorés d’une baguette de pain, de la tour Eiffel clignotante du Monoprix, d’un menu « spécial JO » au troquet du coin, du personnel d’orientation à la station RER de Roissy qui leur demande – à eux, qui s’estiment là depuis toujours – s’ils sont perdus et ont besoin d’aide pour s’orienter.

Jusqu’à Gérard Araud qui, sur X, commente toutes les crises mondiales sous une photo de lui avec Barack Obama : l’ancien diplomate s’est plaint de ne plus pouvoir prendre la correspondance à la station Concorde entre les lignes 1 et 12. Voilà Paris plongé dans cette drôle ­d’ambiance de répétition générale, à mi-chemin entre Amélie Poulain et Emily in Paris perdues dans les transports en commun.

A quoi on les reconnaît

Quand ils croisent des amis, ils leur demandent, l’air très sérieux, s’ils restent ou fuient la capitale pendant les Jeux olympiques, comme s’ils avaient l’habitude d’être à Paris la première quinzaine d’août.

Ils ont écouté, perplexes, des amis marseillais leur assurer que quand la flamme passerait en bas de chez eux, ils seraient à leur tour emportés par la magie olympique. Ils ne se sont pas sentis concernés par les publicités dans le métro qui recommandaient d’« anticiper » ses transports (anticiper, mais comment ?). Ils n’ont pas demandé leur QR code parce qu’ils ne peuvent pas se faire à l’idée qu’ils pourraient ne pas pouvoir circuler dans leur ville.

Comment ils parlent

« C’était avec la station Concorde que je pouvais être au boulot en vingt minutes. » « Depuis que les groupes de touristes passent par la rue où je vais déjeuner, je me rends compte que je suis sur le trajet des quinze millions de visiteurs attendus pendant les JO et j’ai l’impression de m’être assise sur le trajet des fourmis. »

« Le ministère de l’intérieur ne s’est toujours pas excusé pour le message d’alerte marqué “extrêmement grave” [envoyé aux Parisiens le 13 mai, afin de signaler l’ouverture d’une ­plate-forme pour obtenir un QR code d’accès au périmètre de sécurité] ! » « J’attends de voir les touristes capables de trouver la correspondance RER-ligne 7 à Châtelet. » « Tu peux aller sur Airbnb voir si mon annonce est bien visible ? Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas de réservation. »

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