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Projet de fusion de l'audiovisuel public : France 24 en grève

Les antennes et les plateformes numériques de France 24 sont fortement perturbées par la grève observée ce jeudi, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de France Médias Monde (France 24, RFI et MCD).

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4 mn

Les personnels de France Médias Monde, France Télévisions et Radio France sont en grève jeudi et vendredi contre le projet de fusion éclair de l’audiovisuel public défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati.

De par son positionnement international, France Médias Monde – dont fait partie France 24 – fait face à des enjeux géopolitiques spécifiques. La diffusion de France 24 et RFI a par exemple été coupée au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Le cas de FMM fait donc débat au sein du camp présidentiel, certains estimant qu’il faut l’exclure de la réforme et ne pas le fusionner avec les autres entreprises.


L’Assemblée nationale devait théoriquement débattre de cette réforme au même moment en première lecture, avec 280 amendements au menu, mais l’examen a été reporté à une date ultérieure, a appris l’AFP auprès du ministère des Relations avec le Parlement.

La décision a été formalisée par l’envoi d’une lettre à la présidente de l’Assemblée, actant son retrait de l’ordre du jour de la semaine, déjà bien rempli par l’examen du projet de loi agricole. Le texte pourrait n’être examiné qu’en juin.

Des réseaux régionaux de France 3 ou France Bleu aux sièges parisiens, tout le secteur a fait grève jeudi et doit faire de même vendredi.


Des programmes perturbés

Les antennes de Radio France ont été très perturbées et les émissions habituelles remplacées par de la musique. Côté télévision, la chaîne Franceinfo a rediffusé des programmes. 

Pour assurer la retransmission du débat dans la soirée sur France 2 entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella, la direction a prévu de recourir à des prestataires externes, d’après les syndicats.

Selon la direction de France Télévisions, il y a eu 12 % de grévistes, tous métiers confondus. À Radio France, le syndicat SNJ a assuré qu’il y avait 72 % de grévistes parmi les journalistes.

« Non à la casse de l’audiovisuel public »

En plus de la grève, plusieurs rassemblements ont eu lieu en France – le plus important s’est tenu à Paris, près du ministère de la Culture. Sous le slogan « Non à la casse de l’audiovisuel public », il a réuni plusieurs centaines de salariés et une délégation a été reçue au ministère.  

« Votre grève très forte aujourd’hui fait déjà bouger les lignes, puisque l’agenda parlementaire a miraculeusement été décalé d’un mois », a lancé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue « apporter le soutien » de son syndicat.

« C’est notre survie qui se joue », ont affirmé les syndicats de Radio France lors d’une assemblée générale mercredi, en appelant à envoyer « un message radical » par la grève.

Calendrier serré

Voulant « rassembler les forces », la ministre de la Culture prévoit une phase transitoire avec une holding commune pour l’audiovisuel public au 1er janvier 2025, puis une fusion un an après. Quelque 16 000 salariés sont concernés.

Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte de l’audiovisuel rassemblerait également l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24). L’intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel.

 

Au sein de ces quatre sociétés publiques, les craintes sont vives pour les moyens et les emplois. 

Aux personnels, Rachida Dati a assuré dimanche: « Je veux vous garantir non seulement une pérennité mais (aussi) votre force » dans un univers de « concurrence exacerbée », entre plateformes et réseaux sociaux.

« Évidemment, on ne va uniformiser ni les métiers, ni les activités », a-t-elle martelé mercredi devant le Sénat.

La société géante, dénommée « France Médias », aurait un budget de quatre milliards d’euros. 

Pour accélérer ce projet, la ministre issue de LR s’est appuyée sur une proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (Union centriste) programmant une holding, déjà adoptée en juin 2023 par la chambre haute.

« Nous ne sommes pas opposés à la fusion » mais « on peut s’interroger sur le calendrier », avait souligné le sénateur avant l’annonce du report, qui a contrarié les plans du gouvernement.

« C’est très mal parti pour faire passer cette réforme », prophétise même un député de la majorité. « La mobilisation sociale sera très forte. C’est difficile, même si ça n’enlève rien à la nécessité de la réforme ».

À voir aussiFrance 24 et la réforme de l’audiovisuel public : qui sommes-nous?

Le sort de France Médias Monde ne paraît pas tranché. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique. Mais les discussions pourraient être serrées avec la droite, qui est à l’inverse attachée à son inclusion.

Avec AFP


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