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Audiovisuel public : l’examen du projet de réforme contesté est repoussé

Des employés de l’audiovisuel public tiennent des pancartes et une banderole « Sauvons Radio France » lors d’une grève, à Toulouse, le 23 mai 2024.

Le projet de fusion de l’audiovisuel public porté par la ministre de la culture, Rachida Dati, prend du retard. Son examen à l’Assemblée nationale a été repoussé, jeudi 23 mai, alors que tout le secteur est en grève pour s’y opposer.

Les députés devaient débattre de cette réforme éclair en première lecture jeudi et vendredi. Mais compte tenu de l’encombrement de l’ordre du jour, le gouvernement a pris la décision, à la mi-journée, de le reporter. Le texte pourrait n’être examiné qu’en juin. Et ce, alors que le calendrier voulu par la ministre de la culture était déjà très contraint, avec une fusion de l’audiovisuel public programmée dès le 1er janvier 2026.

Des réseaux régionaux de France 3 et France Bleu aux sièges parisiens, tout le secteur est appelé à la grève jeudi et vendredi. Jeudi, les antennes de Radio France sont perturbées et les émissions habituelles ont été remplacées par de la musique. Côté télévision, la chaîne Franceinfo a rediffusé des programmes.

Pour assurer la retransmission du débat jeudi soir sur France 2 entre le premier ministre, Gabriel Attal, et le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, la direction a prévu de recourir à des prestataires externes, d’après les organisations syndicales.

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Holding commune

Voulant « rassembler les forces », la ministre de la culture prévoit une phase transitoire avec une holding commune pour l’audiovisuel public au 1er janvier 2025, puis la fusion un an après. Quelque seize mille salariés sont concernés.

Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte de l’audiovisuel rassemblerait également l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et France Médias Monde (RFI, France 24). L’intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel. Au sein de ces quatre sociétés publiques, les craintes sont vives pour les moyens et les emplois. Un rassemblement était prévu aux abords du ministère de la culture jeudi à 13 h 30.

« C’est notre survie qui se joue », ont affirmé les syndicats de Radio France lors d’une assemblée générale mercredi, en appelant à envoyer « un message radical » par la grève. Les inquiétudes sont particulièrement importantes à la « maison ronde » à l’idée que la radio puisse être phagocytée par la télévision.

Dans une tribune au Monde, plus de 1 100 salariés de Radio France, dont les présentateurs Léa Salamé, Nicolas Demorand, Guillaume Erner et Nagui, ont dit leur rejet d’un projet « démagogique, inefficace et dangereux ».

« Sans réel objectif éditorial »

« Pourquoi engager [le secteur] dans une fusion qui s’annonce longue, complexe, anxiogène pour les salariés et sans réel objectif éditorial ? », s’interrogent aussi les syndicats de France Télévisions.

Au personnel, Mme Dati a assuré dimanche : « Je veux vous garantir non seulement une pérennité, mais [aussi] votre force » dans un univers de « concurrence exacerbée », entre plates-formes et réseaux sociaux. « Le moment politique est venu », selon la ministre, après une tentative de rapprochement par son prédécesseur Franck Riester stoppée par l’épidémie de Covid-19. « Evidemment, on ne va uniformiser ni les métiers ni les activités », a-t-elle aussi affirmé devant le Sénat, mercredi.

La société géante, dénommée France Médias, aurait un budget de 4 milliards d’euros.

La ministre issue des Républicains (LR) s’est appuyée sur une proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (Union centriste) programmant une holding, déjà adoptée en juin 2023 par la Chambre haute. « Nous ne sommes pas opposés à la fusion », mais « on peut s’interroger sur le calendrier », avait souligné M. Lafon avant l’annonce du report.

Le sort de France Médias Monde ne paraît pas tranché. Le ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique ; mais les discussions pourraient être serrées avec la droite, qui est, à l’inverse, attachée à son inclusion.

Les élus du Rassemblement national (RN) – favorables à une privatisation pure et simple de l’audiovisuel public – soutiennent le projet de fusion. Concernant une privatisation, le président de LR, Eric Ciotti, n’a « pas de tabou » non plus.

De son côté, la gauche torpille la holding comme une fusion. La France insoumise voit dans ce projet « l’aboutissement du dénigrement et de l’affaiblissement » du service public opéré par le président de la République, Emmanuel Macron. « C’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix », renchérissent les écologistes.

Le Monde avec AFP

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