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A l’assemblée générale de TotalEnergies, des manifestants de la cause climatique, des policiers en nombre et une immense banderole de Greenpeace

Des militants de Greenpeace ont déployé une banderole montrant le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, « recherché par la société civile », vendredi 24 mai 2024.

Les actionnaires de TotalEnergies ont renouvelé pour trois ans le mandat d’administrateur du président-directeur général, Patrick Pouyanné, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue vendredi 24 mai et qui a suscité, comme l’an dernier, des manifestations en raison des conséquences climatiques des activités du groupe. Le mandat d’administrateur de M. Pouyanné a été renouvelé à 75,7 % des voix exprimées, contre 77,4 % lors de sa dernière reconduction, en 2021.

Les actionnaires ont également approuvé le bilan et la stratégie carbone de TotalEnergie, avec un niveau de vote (79,72 %) en baisse par rapport aux scores d’environ 89 % enregistrés lors des AG de 2023 et 2022.

Lors de l’assemblée générale, M. Pouyanné a redit qu’il était « nécessaire » de mettre en production « de nouveaux champs » pétroliers. « La question n’est pas tant de savoir quand la demande de pétrole commencera à baisser que quand elle baissera de plus de 4 % par an, a-t-il estimé. A ce stade, la demande de pétrole continue de croître, comme la population mondiale. »

« Climaticide »

Dès 9 heures, des militants de Greenpeace ont déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe une banderole montrant M. Pouyanné « recherché par la société civile ».

La police était présente en nombre dans le quartier d’affaires de la Défense et, compte tenu du « risque » de troubles à l’ordre public, le préfet de police de Paris avait pris un arrêté d’interdiction des manifestations non déclarées autour de la tour Coupole.

TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages, plutôt qu’une salle parisienne, pour éviter « d’immobiliser un quartier de Paris »comme lors de l’édition 2023, marquée par des échauffourées entre manifestants et policiers. Un an plus tard, la pression n’est pas retombée. Dans la rue ou devant les tribunaux, le groupe reste sous le feu des critiques, les défenseurs du climat lui reprochant d’aggraver le réchauffement climatique et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole.

« On dénonce la stratégie d’expansion de TotalEnergies, qui est toujours orientée vers le développement des fossiles, malgré un discours verdi », explique Edina Ifticene, chargée de campagne contre les énergies fossiles chez Greenpeace.

Un argument partagé par plus de 300 scientifiques, dont des experts mandatés par les Nations unies (ONU), signataires d’une tribune dans Le Monde qualifiant de « climaticide » la stratégie de TotalEnergies.

Mobilisation devant les locaux d’Amundi

Des centaines de militants ont, par ailleurs, manifesté vendredi en début d’après-midi à Paris devant les locaux du gestionnaire d’actifs Amundi, où s’était tenue dans la matinée son assemblée générale, lui reprochant d’être l’un des actionnaires principaux du grand groupe pétrolier. Sur le parvis, des militants déployaient des drapeaux, une banderole « Liquidation Total », scandaient des slogans contre TotalEnergies, entourés par de nombreux policiers.

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« L’idée initiale était de perturber l’assemblée générale de TotalEnergies, comme c’est le cas depuis trois ans », explique Lou Chesné, porte-parole d’Attac France, précisant qu’« une opération de grande envergure était prévue ». Mais face au « déploiement policier important » autour du siège de TotalEnergies, les militants ont décidé de se tourner vers le quartier Montparnasse où est situé le bâtiment d’Amundi, « un des actionnaires principaux de TotalEnergies et qui porte sa part de responsabilité », explique-t-elle.

La manifestation de l’année dernière devant l’AG de TotalEnergies ayant « été réprimée très durement, cette année, l’idée était de ne surtout pas mettre en danger les manifestants », a-t-elle ajouté. Les manifestants ont été rejoints par des personnalités publiques, la députée écologiste Sandrine Rousseau, la tête de liste des « insoumis » aux élections européennes, Manon Aubry, ou encore Claire Nouvian, directrice-fondatrice de l’ONG Bloom.

Plus tôt dans la matinée, plusieurs dizaines de personnes avaient forcé le passage pour entrer dans le siège d’Amundi, avait précisé une source policière. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, selon cette même source. « L’assemblée générale d’Amundi a pu aller à son terme, malgré des perturbations de manifestation dont une partie a été très violente à l’égard des biens ou des personnes », a réagi un porte-parole du groupe.

Cent soixante-treize personnes ont été interpellées après les perturbations de l’assemblée générale d’Amundi. « Des dégradations et des violences ont été commises », a ajouté la préfecture de police, précisant que « dix agents de sécurité privée ont été blessés », dont neuf « transportés à l’hôpital ».

Patrick Pouyanné regarde vers New York

Patrick Pouyanné, aux manettes depuis dix ans, a présidé cette assemblée sur fond de polémique après ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, déclenchant les foudres de la classe politique, de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés TotalEnergies, un poids lourd financier tenté par l’exil boursier

Vendredi, M. Pouyanné a répété solennellement devant ses actionnaires qu’il n’était « pas question (…) de quitter la France ». « TotalEnergies conservera son siège en France, sa cotation en France, notre attachement à la France est réel et je n’ai pas besoin de le justifier », a-t-il déclaré, ajoutant : « Une idée est simplement de pouvoir proposer aux investisseurs américains les mêmes actions ordinaires TotalEnergies que celles que nous proposons à nos actionnaires européens. »

Comme pour apaiser les critiques, il avait évoqué jeudi dans Le Figaro une « erreur de traduction » : il ne voulait pas parler d’une cotation principale à Wall Street mais d’une transformation en actions classiques des titres déjà échangés sous une forme réservée aux entreprises étrangères. M. Pouyanné met en avant le fait que les Américains achètent plus d’actions que les Européens, contraints par des règles d’investissement durable.

Le PDG répète que TotalEnergies est « le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique ». Un tiers de ses investissements sont consacrés aux énergies bas carbone, dont 95 % d’électricité renouvelable.

Mais, en septembre, le think tank Carbon Tracker estimait que « seule » la compagnie pétrolière italienne Eni avait des objectifs de réduction d’émissions « potentiellement » alignés sur l’accord de Paris. TotalEnergies arrivait deuxième avant Repsol et BP, loin devant le saoudien Aramco ou l’américain ExxonMobil.

Retrouvez tous les articles de la série « TotalEnergies, un centenaire chahuté »

Le Monde avec AFP

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