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Rêver, une activité très sérieuse

Vous êtes en train de discuter avec votre mère morte. Soudain vous ouvrez les yeux, et tout disparaît instantanément. Malheureusement, ce n’était qu’un rêve. Depuis toujours, les rêves fascinent. Que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous rêvons ?

Dans L’Interprétation des rêves, Freud, neurophysiologiste de son état, prédisait que des recherches plus approfondies permettraient un jour d’aller plus dans l’investigation des bases cérébrales de cet événement mental. C’est exactement ce que nous révèlent Yuval Nir, de l’université de Tel-Aviv, et Giulio Tononi, de l’université du Wisconsin, dans une revue de la littérature extensive sur le sujet.

Pour commencer, ces auteurs rappellent que, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, les rêves ne surviennent pas uniquement lors du sommeil paradoxal, pendant lequel on observe des mouvements oculaires rapides (sous les paupières fermées) qui témoignent de l’activité cérébrale intense, mais également lors du sommeil lent, pendant lequel ils sont néanmoins moins riches et moins vivaces.

Autre mystère : où dans notre cerveau et comment les rêves sont-ils créés ? Pour Giulio Tononi, il se pourrait qu’en phase d’éveil les aires perceptives s’activent avant les aires cérébrales, plus élaborées, impliquées dans le raisonnement, alors que, pendant le rêve, ce serait l’inverse : nos aires frontales, activées en premier, mettraient ensuite en jeu nos aires visuelles pour produire des images mentales sans logique apparente entre elles.

« Digérer les émotions »

Eveillés, nous serions exposés aux informations comme si nous regardions le journal télévisé en direct, alors qu’endormis nos rêves seraient le produit d’un metteur en scène peu scrupuleux dans sa façon d’élaborer le scénario. Nos rêves ont-ils une utilité ? Incontestablement, pour de nombreux auteurs, à l’instar de Josie Malinowski et Caroline Horton, chercheuses britanniques, qui insistent sur le rôle des rêves pour « digérer » les émotions, la peur en particulier. Le rêve servirait ainsi à fragmenter les émotions, à les recombiner avec des souvenirs anciens afin de les rendre plus supportables.

Autre question récurrente : pourquoi certains se souviennent-ils parfaitement de leurs rêves et d’autres non ? En 2014, l’équipe de Perrine Ruby, au Centre de recherches en neurosciences de Lyon, a présenté à des sujets un son pendant qu’ils visionnaient un film muet ou pendant qu’ils dormaient et a observé une réaction d’orientation de l’attention plus importante et une activité au niveau du lobe pariétal exacerbée chez les sujets qui se souvenaient le mieux de leurs rêves. C’est un peu comme si ces sujets étaient « hyperréactifs », plus enclins à se réveiller pendant le sommeil, et donc à prendre conscience de leur rêve, condition nécessaire à la construction du souvenir de celui-ci.

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