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En Pologne, vingt ans après l’accession à l’Union européenne, le grand rattrapage économique

Dans l’immense hall caverneux du centre international de conférence de Katowice, face à des milliers de participants du monde des affaires, Ursula von der Leyen se répandait en flatteries, le 7 mai. « Aujourd’hui, je peux le dire : la Pologne est de retour. » Dans cette ville industrielle du sud-ouest du pays, « capitale » du bassin minier national, la présidente de la Commission européenne ouvrait le Congrès économique européen, une grande conférence annuelle d’entreprises et d’investisseurs, célébrant au passage le 20e anniversaire de l’accession de la Pologne à l’Union européenne (UE), le 1er mai 2004. Quelques minutes plus tard, sur la même scène, Donald Tusk, le premier ministre polonais, lui rendait la politesse : « Chère Ursula, c’est un signal très important que vous soyez présente ici. La Pologne est effectivement devenue un leader en Europe. »

Au-delà de l’obséquiosité politique, de bonne guerre à un mois des élections européennes, il soufflait un réel vent d’optimisme dans les salons climatisés de ce grand raout du business. Il y a vingt ans, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Pologne s’élevait à 48 % de la moyenne de l’UE (à parité de pouvoir d’achat). Il est aujourd’hui de 82 %, soit l’équivalent du Portugal. Le chômage atteignait 20 % ; il plafonne désormais à 2,9 %. Les quinze premières années, jusqu’à 2,5 millions de Polonais ont émigré, essentiellement vers le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Irlande. Depuis 2018, le flux s’est inversé, et le pays enregistre un net retour de sa population. « Ce qui s’est produit en vingt ans est un miracle », affirme Brunon Bartkiewicz, le président, pour la Pologne, de la banque néerlandaise ING.

En l’occurrence, les voies du Saint-Esprit économique ont atteint la Pologne par deux canaux principaux : les fonds européens et l’adhésion au marché unique, qui a fait d’elle une destination de choix pour les délocalisations industrielles. A Katowice, ville de 300 000 habitants, l’argent des fonds structurels de l’UE s’étale partout. Le centre international de conférence, justement, est sorti de terre grâce à cette manne. Il en va de même pour la salle abritant l’Orchestre symphonique de la radio nationale polonaise et pour le Musée de Silésie, situés juste à côté, et qui ont investi une ancienne mine de charbon.

Le musée de Silésie a été construit en partie grâce à des fonds de l’Union européenne dans les locaux revitalisés de l’ancienne mine de charbon. Le concept architectural fait référence à l’histoire industrielle de la Silésie et à la fonction originale de la zone post-minière. A Katowice (Pologne), le 10 mai 2024.

La bannière étoilée ornant tous ces bâtiments permet, en ce jour de mai, d’organiser un jeu de piste, à la recherche des financements bruxellois. « C’est une évidence aujourd’hui d’être dans l’UE », vante Dominika Koczorek, qui participe au jeu, stylo à la main. L’étudiante de 25 ans revient de trois mois d’échange Erasmus aux îles Canaries. « Regardez la Géorgie, un pays où je suis allée quatre fois : ils rêvent d’entrer dans l’UE », ajoute son amie Zuzia Markiton.

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