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Ebrahim Raïssi, un président iranien docile, fidèle au Guide suprême

Ebrahim Raïssi, devant un portrait du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, après avoir enregistré sa candidature aux élections présidentielles, à Téhéran, le 14 avril 2017.

Ebrahim Raïssi, le huitième président de la République islamique d’Iran, est décédé le 19 mai lors d’un accident d’hélicoptère, qui s’est écrasé dans une région montagneuse du nord-ouest du pays. Le religieux ultraconservateur de 63 ans, élu en 2021 à l’issue d’un scrutin largement boycotté, a péri alors qu’il revenait en Iran d’une visite d’Etat en Azerbaïdjan. Avec lui sont morts notamment le ministre des affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian, le gouverneur de la région de l’Azerbaïdjan-Oriental, Malek Rahmati, l’imam de la prière du vendredi de cette même province, Mohammad-Ali Ale-Hashem, et les membres de l’équipage.

Pressenti pour succéder au Guide suprême, Ali Khamenei, Ebrahim Raïssi lui devait son ascension éclair. Jusqu’à sa mort, le président est resté proche de la plus haute autorité du pays qui n’a jamais cessé de louer ses actions. Une exception, alors que tous les anciens chefs d’Etat – le réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) et les deux technocrates Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) et Hassan Rohani (2013-2021) – ont fini leur mandat en tombant en disgrâce auprès du Guide suprême.

Après avoir été battu en 2017 par le président sortant Hassan Rohani, Ebrahim Raïssi avait obtenu en 2021 que ses adversaires – réformateurs, modérés et conservateurs pragmatiques – qui lui auraient posé un défi soient écartés par le Conseil des gardiens de la Constitution, un organe non élu.

Son mandat inachevé tout comme son engagement dans les affaires de la République islamique ces quarante dernières années resteront marquées par la mise en œuvre d’une politique répressive. Face au dernier soulèvement en date, à la suite de la mort, en septembre 2022, de la jeune Mahsa (Jina) Amini, Ebrahim Raïssi, emboîtant le pas à son maître, avait appelé à une « confrontation ferme » avec les manifestants. Pendant cette vague de contestation, au moins cinq cents civils ont été tués.

Main de fer

Né en 1960 dans une famille pieuse de la ville religieuse de Machhad (est), Ebrahim Raïssi, fils de clerc, s’inscrit au séminaire dès son adolescence dans cette même ville. A l’âge de 15 ans, il rejoint le centre des études chiites dans la ville sainte de Qom (centre). Comme son mentor, Ali Khamenei (sous l’autorité duquel il a étudié pendant quatorze ans), il gagne ainsi le droit de porter un turban noir, distinction réservée aux descendants du prophète Mahomet, titre dont il se prévalait.

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Après la révolution islamique de 1979, la première mission de ce membre du clergé tout juste âgé de 19 ans consiste à mettre en place des « tribunaux révolutionnaires » à Masjed Soleiman, dans la province du Khouzistan (sud-ouest). Il se distingue par sa loyauté et sa volonté de juger d’une main de fer les opposants. En 1980, il est nommé procureur principal de la ville de Karadj, à 30 kilomètres à l’est de Téhéran.

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