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Cannes 2024 : « Bird », d’Andrea Arnold, ou l’enfance tombée du nid

Nykiya Adams dans « Bird », d’Andrea Arnold.

SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION

Présenter son film à Cannes le même jour que celui de Francis Ford Coppola n’est pas la position la plus confortable ni, a priori, la plus avantageuse. Même lorsque l’on est une habituée de la « compétition », comme c’est le cas pour la Britannique Andrea Arnold, dont trois longs-métrages Red Road (2006), Fish Tank (2009) et American Honey (2018) sont repartis de la Croisette avec le Prix du jury. Bird, le dernier projeté, donc, a relevé le gant face à Megalopolis et su défendre son bout de territoire. Une petite ville ouvrière dans le nord du Kent – la campagne, tout près, à portée d’une passerelle suspendue au-dessus des rails d’un chemin de fer – qui rassemble familles dispersées, chiens errants et enfants guère mieux lotis.

Après s’être autorisé un magnifique tête-à-tête avec une vache, dans son documentaire Cow (2021), la réalisatrice revient à l’humain, hommes, femmes, adolescents, qui tentent de se débrouiller avec le peu qu’ils ont. Fidèle à son style naturaliste, Andrea Arnold continue, dans Bird, à creuser son sillon, au sein de ces classes sociales oubliées dont elle sait si bien rendre compte. Elle est en issue. Ceci explique sans doute, en partie, cela.

Le film nous agrippe par un petit bout de fille aux allures de garçon manqué, Bailey (Nykiya Adams), 12 ans, qui vit dans un squat, avec son frère, Hunter (Jason Buda), et son père, Bug (Barry Keoghan), éternel adolescent qui s’apprête à épouser sa nouvelle petite amie, rencontrée il y a seulement six mois. Le projet, s’il ne l’enchante guère, ne semble pas énormément perturber Bailey. Juste se refuse-t-elle à porter cette atroce combinaison violette au motif léopard que son père destine aux demoiselles d’honneur. Pour la peine, elle claque la porte et s’en va faire tailler très court son imposante chevelure.

Caméra alerte, réalisation nerveuse

Le quotidien de Bailey, fait d’errances et d’allers-retours entre ville et campagne (où elle se plaît à observer les insectes, les chevaux et les oiseaux), ne change pas. Excepté ce jour où apparaît, au milieu d’un champ, Bird (Franz Rogowski), jeune homme un brin différent des autres, rêveur et solitaire comme elle. Il est en ville pour retrouver la trace de ses parents perdus de vue depuis longtemps. Entre les deux, un lien se tisse dont la nature demeure aussi floue que les raisons qui poussent Bird à se tenir, de jour comme de nuit, en équilibre sur la bordure du dernier étage d’un immeuble.

A l’inverse des autres protagonistes, le jeune homme semble venir de nulle part, aller nulle part, et même ne pas vraiment se définir. Il veille, regarde, accroupi sur les murets, debout sur les toits, tel un oiseau prêt à s’envoler. C’est là que le bât blesse.

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