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En Argentine, l’assassinat de trois lesbiennes met en lumière la menace qui pèse sur les LGBT

Veillée organisée devant la pension de famille où trois lesbiennes ont été assassinées, à Buenos Aires, le 8 mai 2024.

Elles s’appelaient Andrea Amarante (42 ans), Pamela Cobas (52 ans), Roxana Figueroa (52 ans) et Sofia Castro Riglos (49 ans). Dans la nuit du 5 au 6 mai, leur voisin, Justo Fernando Barrientos, 67 ans, a mis le feu à la chambre de 16 mètres carrés qu’elles partageaient dans une pension de famille précaire d’un quartier populaire du sud de Buenos Aires. Les quatre femmes, lesbiennes, ont été gravement brûlées. Trois d’entre elles ont succombé à leurs blessures dans les jours qui ont suivi. Sofia Castro Riglos est toujours hospitalisée.

D’après les témoignages d’autres habitants de l’hôtel, rapportés par les médias locaux, alors que les femmes sortaient de la chambre le corps en feu en se dirigeant vers la salle de bains partagée, Justo Fernando Barrientos les aurait frappées et poussées à nouveau vers les flammes. L’agresseur, qui les avait déjà menacées et insultées en raison de leur orientation sexuelle à plusieurs reprises, était passé à l’acte.

Le lendemain, à l’exception de quelques portails spécialisés ou indépendants, les médias ne parlent presque pas de l’affaire. La chaîne TN, l’une des plus importantes du pays, évoque une « dispute entre voisins » qui aurait provoqué « un incendie », évitant d’évoquer la dimension lesbophobe de l’agression.

C’est finalement grâce à la mobilisation immédiate de la communauté LGBT que le crime du quartier de Barracas a été porté à la connaissance du public. Le 8 mai, à l’occasion de la présentation au Salon du livre de Buenos Aires de la biographie autorisée Milei, la revolución que no vieron venir (« Milei, la révolution qu’ils n’ont pas vu arriver », éditions Hojas del Sur, non traduit), une manifestation a parcouru les allées. Quelques jours plus tôt, sur une radio, l’auteur, Nicolas Marquez, avait tenu un discours homophobe. « Ce n’est pas de la liberté, c’est de la haine », « Ne soyez pas indifférents, on tue les lesbiennes aux yeux de tous », scandaient les participantes à la mobilisation du 8 mai.

« Bataille culturelle » menée avec virulence

L’attentat de Barracas s’inscrit dans un contexte de « bataille culturelle » menée avec virulence par le gouvernement d’extrême droite de Javier Milei, resté muet sur ce crime jusqu’à ce qu’une question, posée en conférence de presse, ne le pousse à s’exprimer une semaine plus tard. « Je n’aime pas qu’on le définisse comme un attentat contre un collectif en particulier », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Manuel Adorni, qualifiant d’« injuste » pour les autres victimes de violences de s’attarder sur cette agression, sans pour autant prononcer le mot « lesbienne ». Dans la foulée des déclarations de son porte-parole, qui ont provoqué un tollé, le président argentin publiait sur son compte Instagram : « Dire la vérité n’est pas inviter à la haine. Si tu hais la vérité, c’est un autre problème… »

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