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Fusion de l’audiovisuel public en 2026 : Rachida Dati plaide à l’Assemblée nationale pour une « entreprise unique »

Le big bang est lancé. Les députés ont approuvé en commission, mardi 14 mai dans la soirée, le principe d’une « fusion » de l’audiovisuel public en 2026, un projet porté par la ministre de la culture, Rachida Dati, qui a assuré que « le moment politique est venu », en ouvrant l’examen de cette réforme d’ampleur.

Après une « phase intermédiaire » sous un régime de holding en 2025, « la finalité » du projet est « l’entreprise unique », rassemblant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’INA (Institut national de l’audiovisuel) au 1er janvier 2026, a rappelé Mme Dati. La société géante aurait un budget de quatre milliards d’euros et la réforme concernerait 16 000 salariés.

L’amendement clé a été adopté par 30 voix pour, 18 contre, celles de la gauche et du MoDem. L’allié de la majorité présidentielle appelle à ne pas aller « trop loin trop vite ».

« Le sujet est mûr », plaide pour sa part la ministre. D’après elle, l’audiovisuel public dispose de « forces indéniables » mais aujourd’hui « dispersées », ce qui l’expose à un « risque d’affaiblissement » face à la concurrence des plates-formes internationales comme Netflix.

Sujet récurrent depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, cette grande réforme a pris corps à la vitesse de l’éclair ces derniers mois. Dès sa prise de fonction à la culture en janvier, Mme Dati avait dit vouloir « rassembler les forces » de l’audiovisuel public en allant plus loin que les rapprochements en cours entre France Télévisions et Radio France.

Les députés de la commission des affaires culturelles ont cependant exclu France Médias Monde (FMM) de la future holding, lors d’un vote serré. « FMM ne répond pas du tout aux mêmes objectifs et aux mêmes enjeux », a fait valoir Martine Froger (groupe LIOT). Cependant, les parlementaires pourraient revenir ultérieurement sur cette disposition.

Appel à la grève

Le texte, validé dans la nuit en commission, doit passer en première lecture dans l’hémicycle les 23 et 24 mai, sauf embouteillage législatif qui la reporterait au 24 juin voire à septembre. Opposés au projet, les syndicats de Radio France ont déjà appelé à la grève pour les deux journées de mai.

Pour garantir une adoption, la ministre, issue du parti Les Républicains (LR), a repris à son compte un texte adopté en juin 2023 au Sénat, dominé par la droite. Porté par Laurent Lafon (Union centriste), il prévoit la création d’une simple holding nommée France Médias. Mardi, le député LR Maxime Minot a manifesté « le soutien » de son groupe au projet et à « son ambition ». Le groupe Rassemblement national y est également favorable.

La gauche, elle, est vent debout contre la réforme. C’est « l’aboutissement du dénigrement et de l’affaiblissement » du service public à l’œuvre depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, a estimé Ségolène Amiot, de La France insoumise. Le gouvernement avance « à l’aveugle », avec une politique « au doigt mouillé », a lancé le socialiste Iñaki Echaniz. « C’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix », a renchéri l’écologiste Sophie Taillé-Polian.

Le chef de l’Etat avait prôné un rapprochement dès 2017 en dressant un constat sévère sur l’audiovisuel public. Franck Riester, prédécesseur de Mme Dati, avait porté en 2019 un projet de holding stoppé par le Covid-19.

Le déplafonnement des recettes publicitaires, sujet sensible

La ministre assure qu’il faut faire la réforme au plus vite, avant la fin du mandat de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, en 2025. Mais, selon un acteur du secteur, c’est aussi un moyen pour Mme Dati d’avoir « un bilan » à la culture avant de briguer la mairie de Paris en 2026.

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Pour rassurer sur le plan financier, le député Renaissance Quentin Bataillon a préparé avec Jean-Jacques Gaultier (LR) un texte actant un fléchage pérenne depuis le budget de l’Etat au profit de l’audiovisuel public (« prélèvement sur recettes »), sur le modèle du financement des collectivités. Depuis la suppression de la redevance en 2022, le secteur est financé par une fraction de TVA, selon un mécanisme provisoire.

Le sujet sensible de la publicité a aussi animé les échanges en commission. Un amendement gouvernemental projetant de déplafonner les recettes publicitaires de l’audiovisuel public a été adopté. Mais le sujet doit être retravaillé, se sont engagés les parlementaires.

Les acteurs privés de l’audiovisuel sont farouchement opposés à ce déplafonnement, tout comme les députés LR. « C’est une course à l’audience, et la logique commerciale n’est pas celle du service public », a prévenu Jean-Jacques Gaultier.

Le Monde avec AFP

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