Close

Hubert Falco, ancien maire de Toulon, condamné en appel à cinq ans d’inéligibilité

Hubert Falco, à Paris, le 7 mars 2022.

C’est une décision qui porte un coup d’arrêt à sa carrière et lance déjà la bataille pour sa succession. L’ex-baron varois, Hubert Falco, soutien d’Emmanuel Macron, a été condamné en appel, mardi 14 mai, à cinq ans d’inéligibilité pour des manquements à sa probité d’élu. Agé de 76 ans, l’ex-maire de Toulon, qui « jouait sa vie » dans cette affaire, selon son avocat, n’a pas assisté au prononcé de la peine par la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

La cour a certes diminué de moitié la peine de prison avec sursis qui lui avait été infligée, en la portant à dix-huit mois, contre trois ans en première instance, mais elle a confirmé la peine d’inéligibilité de cinq ans pour des repas et des frais de pressing payés indûment par une collectivité, le conseil départemental du Var, qu’il ne dirigeait plus. Sur l’inéligibilité, la justice a de nouveau prononcé une exécution provisoire. Cette peine reste donc applicable immédiatement.

C’est cette disposition qui avait, il y a un peu plus d’un an, créé un premier coup de tonnerre. Après le jugement en première instance, M. Falco, qui faisait partie du parti Les Républicains avant de passer dans le camp macroniste, avait alors perdu ses mandats de maire de Toulon et de président de sa métropole.

La cour d’appel lui a également infligé une amende de 30 000 euros, mais le conseil départemental du Var ne sera pas indemnisé du préjudice subi, car il ne s’est jamais porté partie civile. Pour l’avocate générale Régine Roux, M. Falco a clairement failli sur « son devoir de probité ».

Pourvoi en cassation

La justice l’a condamné pour avoir continué à déjeuner gratuitement durant des années à la cafétéria du conseil départemental du Var, alors qu’il n’en était plus président depuis 2002. Mais aussi pour avoir profité de repas à domicile, préparés par les cuisines de la collectivité et servis par deux maîtres d’hôtel salariés du département, et de frais de pressing, là encore aux frais du contribuable.

Ce détournement de fonds a été évalué au total à plus de 60 000 euros pour la seule période de 2015 à 2018. L’affaire était passée à la postérité comme celle du « frigo de Falco », les repas étant stockés dans un réfrigérateur réservé à cet effet.

Cette condamnation en appel éloigne donc la possibilité qu’il se relance lors des municipales de 2026 où l’extrême droite, très implantée dans le Var, est en embuscade. Son avocat, Me Thierry Fradet, a toutefois annoncé un pourvoi en cassation pour défendre « l’honneur » de son client.

Il a opportunément précisé que ce pourvoi « devrait durer environ une année ». Et d’ajouter : « Nous serons définitivement fixés à l’issue de ce recours sur lequel nous fondons énormément d’espoir. » Soit un an avant le scrutin local. Hubert Falco avait ravi Toulon à l’extrême droite en 2001. Depuis, il régnait de façon incontestée, réélu trois fois dès le premier tour.

« Le début d’une ère de transparence »

A Toulon, les réactions ont vite commencé à affluer après cette décision qui lance clairement la bataille de succession. « La ville n’est plus dirigée depuis un an, les gens qui la dirigent ne se présentent que comme des intérimaires », a tonné auprès de l’Agence France-Presse Amaury Navarranne, chef de file de l’opposition municipale du Rassemblement national, qui appelle à un « retour aux urnes » immédiat pour clarifier la situation.

Le Monde Ateliers

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

Mais la maire, Josée Massi, qui a pris la suite d’Hubert Falco il y a un peu plus d’un an, a assuré dans un communiqué qu’elle allait terminer ce mandat et « préparer de manière déterminée l’échéance de 2026 ». Mme Massi a rendu hommage à un « grand maire au parcours politique rare » et sur X, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a eu « une pensée chaleureuse » pour son « ami ».

Laure Lavalette, députée du Var et porte-parole ultramédiatisée du groupe RN à l’Assemblée nationale, a promis dans un communiqué aux Toulonnais de « prendre toute [sa] part dans la nécessaire refonte de notre belle cité ». « Cette nouvelle confirmation judiciaire doit marquer le début d’une ère de transparence et d’exemplarité à Toulon », a réagi de son côté la conseillère municipale d’opposition Cécile Muschotti, ancienne députée La République en marche.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu


source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top