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« La lutte contre les inégalités passe aussi par la consommation, à condition de mieux informer »

Malgré les nombreuses études démontrant les importantes inégalités de revenus et de richesse dans les pays occidentaux, ces dernières ne figurent pas parmi les sujets prioritaires des diverses campagnes électorales de 2024. Et pour une bonne raison : la taxation et la redistribution – soit la principale politique économique envisagée pour répondre à cette problématique – divise l’opinion publique. Au Royaume-Uni, seulement 40 % de la population se déclarent favorables à ces politiques.

Si les citoyens peinent à s’accorder, qu’en est-il des consommateurs ? Actuellement, la plupart d’entre eux ignorent tout des niveaux d’inégalités de revenus entre les différents acteurs impliqués dans le financement, la conception, la production et la vente des produits qu’ils achètent.

Or, notre recherche récente montre que si cette information était fournie pour tout produit commercialisé – comme les informations nutritionnelles dans un supermarché ou sur une application mobile comme Yuka –, un effet positif serait observé. La lutte contre les inégalités passe aussi par la consommation, à condition de mieux informer.

En effet, 80 % de notre échantillon aux Etats-Unis et Angleterre sont prêts à payer davantage pour des produits comportant de moindres inégalités de revenus. Les consommateurs, quelle que soit leur orientation politique (y compris ceux qui rejettent l’idée d’une redistribution par l’Etat), paient plus pour un bien comparable produit de façon plus égalitaire.

Ce contraste peut s’expliquer par une autre découverte de notre recherche, à savoir que la propension des consommateurs à payer pour pallier les réductions des inégalités est fortement corrélée à leur avis sur le degré d’inégalité dans leur pays – plutôt qu’à leur adhésion à des solutions traditionnelles. Et, c’est bien connu, nombreux sont ceux qui considèrent que les inégalités actuelles sont extrêmes. Ce chiffre est de 78 % au Royaume-Uni, par exemple, soit presque autant que la part de consommateurs payant plus pour moins d’inégalités, et bien plus que ceux soutenant la redistribution.

De même que l’étiquetage obligatoire du pays d’origine d’un produit peut favoriser les producteurs français, l’information sur les inégalités de rémunération inhérentes à chaque produit peut ainsi contribuer à modérer les inégalités à l’échelle sociale. A condition que cette information soit disponible…

Un système universel

L’idée que l’information contribue à lutter contre les inégalités existe déjà selon certains, tandis qu’elle paraît irréalisable pour d’autres. Les premiers ne voient pas la différence avec des labellisations commerce équitable comme B-corp ou des initiatives telles que C’est qui le patron ?. Les seconds s’interrogent : quel indice d’inégalité serait fourni, et comment ? D’où viennent les données permettant de le calculer ?

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