Close

JO 2024 : Paris inaugure un immense bassin de stockage d'eau pour assainir la Seine

La mairie de Paris a inauguré, jeudi, le bassin de rétention des eaux pluviales et usées d’Austerlitz, censé limiter la pollution de la Seine en cas d’orages, à trois mois des épreuves des Jeux olympiques prévues dans le fleuve. Un hommage a également été rendu à Amara Dioumassy, l’ouvrier mort pendant le chantier.

Publié le : Modifié le :

5 mn

Une cathédrale souterraine en plein centre de Paris. La mairie de Paris a inauguré, jeudi 2 mai, un important bassin de stockage des eaux sous la gare d’Austerlitz qui aidera à assainir l’eau de la Seine et à l’ouvrir à la baignade, à trois mois des épreuves olympiques prévues dans le fleuve.

Ce bassin creusé en sous-sol entre la gare d’Austerlitz, l’entrée historique de l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière et le métro aérien doit permettre d’accueillir jusqu’à 50 000 m3 d’eaux usées et pluviales en cas de fortes pluies, et d’éviter ainsi que ces eaux polluées ne terminent dans le fleuve.

L’équivalent de 20 piscines olympiques, répète la mairie de Paris, qui a fait construire, pour un budget final d’environ 100 millions d’euros, un cylindre de 50 mètres de diamètre pour 30 mètres de profondeur. Un ouvrage vertigineux à la descente.

Ses 16 piliers, appelés « barrettes », vont jusqu’à 80 mètres sous terre, soit 50 mètres plus loin que le fond du bassin, accentuant la verticalité du site.

« Deuxième cathédrale de Paris »

« C’est la deuxième cathédrale de Paris », commente Antoine Guillou, l’adjoint chargé de la propreté et du réseau d’assainissement, qui doit avec ce bassin devenir plus « résilient ».

Le chantier du bassin d'Austerlitz, un bassin de stockage et de traitement des eaux de la Seine, à Paris le 15 juin 2023.
Le chantier du bassin d’Austerlitz, un bassin de stockage et de traitement des eaux de la Seine, à Paris le 15 juin 2023. © Anne-Christine Poujoulat, AFP

Créé par l’ingénieur Eugène Belgrand au milieu du XIXe siècle, le vieux réseau d’égouts de la capitale est unitaire, c’est-à-dire mélangeant eaux usées et pluviales.

Or son fonctionnement « est très dépendant de la météo », résume Antoine Guillou : en cas de fortes précipitations, 44 déversoirs d’orage recrachent ce mélange dans le fleuve pour éviter que les égouts ne débordent.

En absorbant ce trop-plein, avant de le rendre au réseau d’assainissement via un système de pompage, le bassin d’Austerlitz doit permettre de « diminuer le volume » d’eaux impropres rejetées dans la Seine, souligne Antoine Guillou.

« Dans le principe et dans le volume, il n’a rien d’exceptionnel. Ce qu’il a d’exceptionnel, c’est son insertion au cœur de Paris », explique Samuel Colin-Canivez, le responsable grands travaux du réseau d’assainissement parisien.

Plus d’un milliard d’euros investis

C’est un ouvrage majeur du Plan baignade, dans lequel les autorités ont investi environ 1,4 milliard d’euros pour permettre au grand public de plonger dès 2025 dans la Seine. Les déversements dans la Seine ont déjà été réduits par dix depuis la fin des années 1990.

Les JO de Paris-2024 (du 26 juillet au 11 août), qui doivent célébrer le retour de cette pratique historique, avec la tenue dans le fleuve des épreuves de natation marathon et triathlon, ont permis d’accélérer les travaux.

Paris : des déversements d'eaux usées dans la Seine lors de pluies intenses
Paris : des déversements d’eaux usées dans la Seine lors de pluies intenses. © Nalini Lepetit-Chella, Sabrina Blanchard, AFP

Mais en août 2023, les répétitions ont tourné au cauchemar pour les organisateurs, forcés d’annuler la compétition de natation marathon car les seuils de qualité de l’eau étaient nettement dépassés, après de fortes pluies.

« L’ensemble des investissements ne permet pas de faire face à cet épisode » de l’été dernier, « extrêmement rare », mais il « réduit ses impacts », mesure Antoine Guillou.

« Critères de baignabilité »

Ancien président de France Nature Environnement (FNE) Île-de-France, Michel Riottot affirme qu’une « grosse pluie rapide » va vite « saturer » le nouvel ouvrage.

 » À Paris, les égouts, tunnels et bassins comme Austerlitz stockent 1,9 million m3 d’eau. Une petite pluie de 10 mm, c’est 1 million de m3. Avec une grosse pluie cévenole de 20 mm, vous allez déborder de partout », calcule cet ancien ingénieur de recherche au CNRS.

« Quand on (aura) une pluie intense, de toute façon, on rejettera et on n’atteindra pas les critères de baignabilité », reconnaît Samuel Colin-Canivez. Mais « on va forcément s’améliorer sur la charge bactériologique qu’on donne au milieu (naturel). Donc on va gagner en nombre de jours de baignabilité », insiste-t-il.

Le chantier du bassin d'Austerlitz, un bassin de stockage et de traitement des eaux de la Seine, à Paris, le 13 mars 2024.
Le chantier du bassin d’Austerlitz, un bassin de stockage et de traitement des eaux de la Seine, à Paris, le 13 mars 2024. © Anne-Christine Poujoulat, AFP

« On peut comprendre qu’il y ait beaucoup de gens sceptiques », ajoute Antoine Guillou, rappelant que cela fait « un siècle que la baignade en Seine est interdite ».

Selon la mairie, grâce à Austerlitz, « les vannes de déversement ne seront désormais ouvertes que pour les pluies les plus importantes, en moyenne deux fois par an ».

Avec AFP


source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top