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Depuis le Brexit, le lent effritement du commerce britannique

Camions de marchandises sur le site de contrôle britannique Sevington Inland Border Facility, dans le Kent (Royaume-Unis), le 29 avril 2024.

Le Brexit n’a pas été un événement ponctuel, il est un processus qui n’en finit pas. Huit ans après le référendum (23 juin 2016), quatre ans après la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE), trois ans après la sortie effective du marché unique européen (1er janvier 2021), de nouveaux contrôles aux frontières viennent d’entrer en vigueur.

Mardi 30 avril, les douanes britanniques ont débuté la vérification physique des produits d’origine végétale ou animale qui entrent au Royaume-Uni. Ces vérifications existent dans l’autre sens (du Royaume-Uni vers l’UE) depuis janvier 2021, mais les autorités britanniques avaient jusqu’à présent repoussé à cinq reprises le début de leurs propres contrôles, craignant de provoquer le chaos à la frontière.

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Les nouvelles règles ont provoqué un tollé des petites entreprises, parce qu’elles s’accompagnent de frais que les entreprises doivent payer : 29 livres sterling (34 euros) par catégorie de produits. Si un exportateur envoie en même temps de la viande, des produits laitiers et du poisson, cela correspond à trois catégories, et donc trois paiements. Au total, le gouvernement britannique évalue le coût à 330 millions de livres par an pour les entreprises britanniques. A l’échelle d’une économie comme le Royaume-Uni, c’est un coût limité, mais qui devrait ajouter 0,2 % d’inflation sur les produits alimentaires sur trois ans, selon les calculs des autorités britanniques.

« Perte de dynamisme »

Le Brexit a été une expérimentation rare d’un point de vue économique : voilà un pays qui a choisi d’ériger des barrières avec son principal partenaire commercial, qui représente près de la moitié de ses échanges. L’accord signé avec l’UE évite le retour des droits de douane, mais impose de lourdes déclarations (formulaire d’importation, d’exportation, certificat sanitaire…). Deux ans et demi plus tard, le bilan est un lent effritement du commerce britannique.

Fin 2023, les importations et exportations de biens au Royaume-Uni étaient 10 % en dessous de leur niveau de 2019, avant la pandémie, tandis que celles des autres pays du G7 étaient 5 % au-dessus en moyenne. « L’intensité commerciale du Royaume-Uni [ses exportations et ses importations en pourcentage du produit intérieur brut] ne s’est pas redressée au même rythme que les autres pays du G7 », souligne une étude publiée en mars par l’Office for Budget Responsibility (OBR), un organisme qui fait partie du Trésor britannique.

« Au premier abord, c’est exactement ce qu’on pouvait attendre d’une économie qui s’adapte à de nouvelles barrières commerciales : une perte de dynamisme, comme la crevaison lente d’un pneu », explique Emily Fry, dans une étude publiée en février pour la Resolution Foundation, un centre de réflexion. Derrière cette évidence se trouve cependant une surprise : les échanges commerciaux de biens ont baissé non seulement avec l’UE mais aussi avec le reste du monde, à peu près à la même vitesse.

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