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Au festival Quais du polar, à Lyon, le roman noir se fête allègrement

Il serait vain, après que deux auteurs invités au festival international Quais du polar se sont donné l’accolade, de scruter leur dos à la recherche d’un poignard planté entre les omoplates. A la notable différence de la plupart des autres salons, festivals, rencontres littéraires organisés à travers l’Hexagone, cette étape lyonnaise de la France qui lit jouit encore, vingt ans après sa création, d’un climat aussi tempéré que celui du Rhône. Le temps d’un long week-end au cours duquel gros vendeurs de « noir », primo-romanciers, experts du ­thriller et spécialistes du crime en chambre close communient dans l’amour du genre, les ego et les inimitiés sont balayés sous le tapis.

Imagine-t-on deux stars de la littérature dite générale sommées d’abandonner leurs projets en cours pour écrire ensemble un livre à l’occasion d’un festival ? A Quais du polar, cette tradition de l’exercice à quatre mains est solidement installée avec, à chaque édition, une invitation faite à deux auteurs de collaborer. Cette année, le Britannique exilé en Italie Tim Willocks et le Frenchie Caryl Férey, l’un des poids lourds du genre, s’y sont collés pour livrer Le Steve McQueen (Points), épopée déjantée d’un ancien légionnaire confronté, entre autres, aux gangs de son Manchester natal.

Sans surprise, Willocks et Férey se sont retrouvés du 5 au 7 avril pour la vingtième édition d’un festival lyonnais devenu the place to be, au point de dépasser en fréquentation ceux de Frontignan (Hérault) et de Lens (Pas-de-Calais), autres rendez-vous majeurs des aficionados du genre. Cette année, cent mille visiteurs se sont pressés autour des stands où les attendaient quelque cent trente-cinq autrices et auteurs. Chiffre d’affaires des libraires ? 330 000 euros en trois jours, soit une jolie progression, de 15 %, par rapport à 2023.

Un esprit « rock’n’roll »

Dans le « noir », majoritairement travaillé par une veine de gauche, on lésine peu sur les dérives de la société de consommation, mais éditeurs et libraires détournent rarement le regard des palmarès de ventes. Et celles-ci sont importantes, le genre représentant 23,5 millions d’exemplaires vendus en 2020 (derniers chiffres disponibles, en incluant les romans d’espionnage). Les auteurs, quant à eux, assurent que l’essentiel est ailleurs : dans l’esprit « rock’n’roll » du festival, un souffle de liberté autorisé par ce registre littéraire et des écrivains qui cultivent volontiers, à la ville comme dans leurs textes, de nets penchants pour la marginalité.

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