Il faisait beau à Nantes, samedi 13 avril. Le matin, la maire socialiste (PS) de la ville, Johanna Rolland, redoutait que ses militants soient partis à la plage, mais non, ils étaient bien là, devant le Zénith, pour voir leur candidat, Raphaël Glucksmann.
La tête de liste du PS et de Place publique aux élections européennes du 9 juin a l’avantage d’être en tête à gauche dans les sondages, en troisième position derrière Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement national, et Valérie Hayer, celle du parti présidentiel Renaissance. Cette bonne position a des effets quasi magiques : elle réconcilie toutes les tendances du PS, qui y vont chacune de leur compliment sur cette nouvelle « incarnation » du parti. Et de leurs projections pour la suite des rapports de force à gauche.
Pour Raphaël Glucksmann, quant à lui, pas question pour le moment d’aller sur ce terrain interne si périlleux. Samedi, le candidat s’est attaché à parler d’Europe et uniquement d’Europe, en évoquant un projet de « puissance écologique ».
Dans un discours qui rappelait parfois celui de l’écologiste Yannick Jadot pendant la campagne présidentielle de 2022, il a loué la sobriété comme la clé de la liberté et de l’indépendance géopolitique française et européenne. « Toute l’énergie que nous ne consommons pas est un pas de plus vers la liberté et la démocratie », a-t-il dit, avant de proposer un plan de rénovation énergétique de toutes les écoles en Europe.
LFI contre « les zombies du hollandisme »
Le lendemain, à Montpellier, Manon Aubry, tête de liste La France insoumise (LFI), et ses colistiers ont opposé au projet d’Europe « puissante » des socialistes une tonalité protectrice, mêlant « protectionnisme national et européen » et un programme de combat contre le « système des eurocrates » ne négligeant ni le rapport de force ni la désobéissance.
L’inspecteur du travail Anthony Smith, quatrième sur la liste, a promis de tenter de réduire à zéro le nombre de morts au travail sur le continent. Non sans égratigner les socialistes : « Au moment où les zombies du hollandisme surgissent dans cette élection, nous n’oublions pas qu’avant même Macron, la loi “travail” du quinquennat Hollande [en 2016] s’est attaquée violemment au droit du travail. »
Le numéro un de LFI, Manuel Bompard, a tancé, quant à lui, les « propos de tribune, d’estrade », de son rival, la veille. « Comment M. Glucksmann peut-il prétendre être le candidat de l’écologie quand il a dans ses soutiens Carole Delga [présidente (PS) de la région Occitanie], qui défend l’autoroute Toulouse-Castres ? », a-t-il lancé. Manon Aubry s’est, elle aussi, risquée sur le terrain du PS bashing : « Certains hier à Nantes rêvaient de revenir à l’avant-Macron. Moi, je vous propose de préparer l’après », a-t-elle lancé.
Il vous reste 56.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.