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Les moustiques, vecteurs australiens de l’ulcère de Buruli

Découverte dans les années 1930, en Australie puis en Afrique, Mycobacterium ulcerans est une bactérie de la même famille que les agents de la tuberculose ou de la lèpre. Comme eux, cette mycobactérie se développe très lentement dans les tissus infectés, où elle cause une infection invalidante, l’ulcère de Buruli. Si la bactérie n’est pas éliminée rapidement par traitement antibiotique, une toxine qu’elle libère entraîne une nécrose de la peau ainsi que des lésions profondes dans la chair. En Australie, ce sont de petits marsupiaux arboricoles de la famille des phalangers qui en constituent le réservoir animal à l’état sauvage, les « possums » ou opossums océaniens.

La manière dont M. ulcerans passe des phalangers à l’homme restait jusqu’ici débattue, en raison de la difficulté de conduire des études épidémiologiques concluantes sur une maladie dont la survenue est sporadique et dont la période d’incubation dure plusieurs mois. Mais, depuis quelques années, l’incidence de l’ulcère de Buruli a augmenté au sud de Melbourne, jusqu’à atteindre les niveaux les plus élevés au monde (55 cas pour 100 000 habitants), ce qui a procuré une source de nouvelles données aux chercheurs enquêtant dans cette région. Leurs suspicions se sont alors peu à peu concentrées sur les moustiques, déjà connus pour transmettre d’autres maladies infectieuses, comme le paludisme, la fièvre jaune et la dengue.

Les opossums et les humains souvent piqués

En 2007, une étude entomologique a ainsi détecté la présence de M. ulcerans chez cinq espèces de moustiques. Par ailleurs, l’incidence de la maladie s’avère réduite chez les personnes protégées par des vêtements très couvrants, des moustiquaires ou l’usage de produits antimoustiques. Inversement, les ulcères apparaissent souvent sur les zones de peau les plus exposées aux piqûres, comme les coudes, les chevilles ou les mollets, et l’infection est plus fréquente chez les personnes piquées aux bras ou aux jambes.

Dans un article publié en janvier dans la revue Nature Microbiology, des chercheurs de l’université de Melbourne confirment ces suspicions. Au cours d’une campagne menée dans la péninsule de Mornington (Etat de Victoria), ils ont piégé plus de 20 000 moustiques appartenant à 26 espèces différentes et 21 000 autres arthropodes, dont 2 700 capables de piquer l’homme, puis ont quantifié sur ces spécimens la présence éventuelle de matériel génétique de M. ulcerans. Deux espèces de moustiques se sont révélées positives, dont l’une des plus abondantes de la région, Aedes notoscriptus. Chez cette espèce, qui représente plus d’un tiers des moustiques collectés, entre 4 et 8 individus sur 1 000 sont porteurs de la bactérie.

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