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Nouvelle-Calédonie : manifestations à haut risque à Nouméa et appels au calme

Heurts entre des manifestants et des gendarmes, lors de la visite du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, et du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, à Nouméa, le 21 février 2024.

Deux cortèges massifs, celui des indépendantistes, d’un côté, et celui des non-indépendantistes, de l’autre : avec 20 000 manifestants attendus à Nouméa, à deux rues d’écart, le samedi 13 avril pourrait rester dans l’histoire. En Nouvelle-Calédonie, les tensions montent encore sur la scène politique.

La crise du nickel s’aggrave, avec le blocage du « pacte » du gouvernement et l’arrêt redouté, jeudi, des mines du Nord, prises dans un bras de fer entre les actionnaires de la Société Le Nickel, le groupe minier Eramet et la province dirigée par l’indépendantiste Paul Néaoutyine. Et l’approche des élections provinciales, à tenir d’ici à la fin de 2024, place les acteurs politiques au pied du mur – les loyalistes ne siègent plus au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, dont ils ont soudainement déclaré la majorité indépendantiste « illégitime », tandis que le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), craignant d’être mis en minorité au prochain scrutin, rejette le projet de loi constitutionnelle, visant à élargir un corps électoral gelé depuis 2009, en cours d’examen au Parlement.

Nouméa comptera au cours du week-end plus de forces mobiles que Marseille, avec l’envoi par le ministère de l’intérieur d’importants renforts : deux escadrons, soit 140 gendarmes. Dans un climat de surenchère, mêlée d’inquiétudes sur l’avenir et d’impatiences, des heurts ont eu lieu en plusieurs points du territoire, ces derniers jours. Notamment sur la commune du Mont-Dore, à proximité de la tribu kanak de Saint-Louis, foyer historique de la révolte anticoloniale où, selon nos informations, les forces de l’ordre ont tiré cinq cents grenades le 8 avril.

« Sur le chemin des divisions »

Le 4 avril, le « comité d’action de terrain » du FLNKS a placé un tamioc (une hachette kanak) sur une urne, lors d’une conférence de presse, pour protester contre « la méthode Macron » dans les discussions politiques en cours. Un rappel du geste symbolique d’Eloi Machoro en 1984, à l’aube des « événements » qui allaient déchirer les Néo-Calédoniens : ce militant indépendantiste avait brisé une urne pour protester contre le projet de statut d’autonomie élaboré à Paris et pour appeler au boycott des élections territoriales.

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« On continue d’avancer sur le chemin des divisions », regrette ainsi le député néo-calédonien (Renaissance) Philippe Dunoyer. Membre du parti de droite modérée Calédonie ensemble, ce dernier critique la position dure adoptée par le reste de la droite locale sous l’impulsion des loyalistes, dont font partie l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès et l’autre député néo-calédonien de la majorité présidentielle, Nicolas Metzdorf. « Personne ne donne de consignes pour affronter l’autre, note M. Dunoyer. On peut toujours douter de la capacité à maîtriser des milliers de personnes. »

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