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Des miroirs célestes pour doper la production de centrales photovoltaïques

En 1929, un physicien austro-hongrois, Hermann Oberth, envisage d’éclairer la Terre en redirigeant les rayons du Soleil depuis l’espace via des réflecteurs. Près d’un siècle plus tard, cette vision est-elle en passe de devenir réalité ? Le consortium Talda, formé par l’Agence spatiale européenne (ESA), vient de confirmer la viabilité de la technique de réflexion directe de la lumière du Soleil pour augmenter la production d’électricité solaire. Le scénario de l’étude de préfaisabilité montre que cela permettrait d’augmenter de 40 à 60 % la production d’électricité de trente grands parcs solaires dans le monde, comme celui de Saragosse-Teruel, d’une puissance de 2 680 mégawatts, en développement en Aragon (Espagne).

Dans l’espace, le Soleil est plus intense et brille en permanence. D’où l’idée de capter cette ressource inépuisable pour la rediriger vers des récepteurs terrestres. Le dispositif étudié suppose une constellation de 4 000 miroirs ronds, de 1 kilomètre de diamètre chacun, placés sur une orbite terrestre basse, à 890 kilomètres de la Terre. Leur mission sera de réfléchir la lumière solaire en la réorientant avec précision vers de grandes installations photovoltaïques. Le système est conçu pour que les parcs solaires reçoivent un complément de lumière équivalant à l’ensoleillement au zénith, pendant deux heures chaque matin et chaque soir, durant les moments où il y a la plus forte demande énergétique.

Envoyés depuis la Terre et déployés par des robots

Chaque fois qu’un miroir passera au-dessus d’un parc solaire, il pourra être incliné de façon à éclairer ce dernier, générant une tache lumineuse au sol de 8 kilomètres de diamètre. Lorsque le miroir ne peut plus éclairer le parc solaire, il est retourné face au Soleil, et plus aucune lumière n’est réfléchie vers la Terre. Au-delà de l’amélioration des performances des parcs photovoltaïques, la technologie pourrait également permettre de produire de l’hydrogène vert par conversion directe de la lumière.

Dans le scénario étudié, les miroirs sont constitués de toile réfléchissante très fine en PEEK, un polymère très résistant et aux bonnes propriétés électriques. Chaque réflecteur pèse 15 tonnes. La structure est en matériaux composites. Les miroirs sont envoyés progressivement depuis la Terre par un lanceur de l’ESA et déployés par des robots.

« Chaque composant s’appuie sur une technologie éprouvée. Il n’y a rien de vraiment nouveau dans le fait de placer des miroirs en toute sécurité en orbite basse », affirme Aurélie Durand Morin, cheffe de projet chez Laborelec, filiale d’Engie, qui apporte au consortium ses compétences en ingénierie au sol. En 1993, la Russie déployait en effet un miroir spatial depuis la station Mir. Il s’agissait d’une structure réfléchissante de 20 mètres semblable à une feuille d’aluminium, nommée Znamia-2 (qui signifie « bannière » en russe). L’objectif était de démontrer que l’énergie solaire pouvait être réfléchie de l’espace vers la Terre, afin d’éclairer la Sibérie.

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