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Une nouvelle pièce dans le puzzle de la domestication de la poule

Fragment de coquille d’œuf provenant du site de Bash Tepa (Ouzbékistan), représentant l’une des premières preuves de la présence de poules sur la Route de la soie.

Le processus de domestication de la poule, aujourd’hui la principale volaille consommée dans le monde, reste très débattu. Une étude, publiée le 2 avril dans Nature Communications, suggère que son élevage se serait intensifié à partir du IVe siècle av. J.-C. en Asie centrale, le long de la Route de la soie. Robert Spengler (Institut Max-Planck de géo-anthropologie, Iéna, Allemagne) et ses collègues estiment que l’animal aurait alors perdu l’annualité qui marquait les périodes de ponte de son ancêtre sauvage. Mais ils ne prétendent pas résoudre la question de l’origine de cet « oiseau énigmatique ».

L’archéozoologie n’a pas été avare de théories sur la domestication de Gallus gallus – elle serait survenue dans la vallée de l’Indus, il y a 4 000 ans ; dans le Sud-Est asiatique, il y a au moins 8 000 ans ; ou encore dans le nord de la Chine, il y a 10 000 ans. « Le problème de ces hypothèses, c’est que des facteurs cruciaux font défaut », indique Ophélie Lebrasseur (université d’Oxford, Royaume-Uni), qui, en 2022, a cosigné deux vastes études, dans PNAS et Antiquity, réanalysant les restes de poules trouvés dans 600 sites archéologiques de 89 pays.

Ce grand ménage dans les archives fossiles avait permis de proposer une nouvelle piste : le coq doré, hôte de la jungle, se serait rapproché de l’humain à la faveur du développement de la riziculture sèche en Thaïlande, vers 1 500 av. J.-C. Cette cohabitation lui aurait permis d’avoir accès au couvert – céréales, invertébrés – et bientôt au gîte. Avant que, domestiqué, il ne parte conquérir le monde.

Intensification de l’élevage

Si la naissance de la poule domestique est si ardue à étudier, c’est que son génome est brouillé par les hybridations, et que ses os sont fragiles, faciles à confondre avec ceux d’oiseaux chassés (faisan, canard…). Ils ont, en outre, une propension à migrer dans les couches stratigraphiques, ce qui rend leur datation trompeuse. M. Spengler et ses collègues ont contourné l’obstacle en s’intéressant de façon originale aux coquilles d’œuf, des restes a priori plus fragiles, mais qu’ils sont parvenus à extraire des sédiments de treize sites archéologiques. Proches de Boukhara, en Ouzbékistan, ils couvrent la période allant de 400 ans avant la période chrétienne jusqu’à 1 000 ans apr. J.-C.

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En analysant les pores de respiration et les protéines de ces coquilles, ils sont parvenus à les attribuer à la poule domestique, et non à d’autres volatiles locaux. Et ils ont constaté une augmentation de leur quantité au cours du IVe siècle av. J.-C. « Cela correspond bien à ce que nous avions trouvé en étudiant des os exhumés d’une forteresse édifiée par Alexandre le Grand et d’un autre site d’Ouzbékistan », note Mme Lebrasseur. Mais aussi à l’étude de sites hellénistiques en Israël, où l’abondance d’ossements de poules suggère une intensification de l’élevage, « probablement pour la viande ».

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