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Elections européennes : Reconquête ! se divise sur la stratégie à adopter face au RN

Marion Maréchal, vice-présidente de Reconquête !, lors de son meeting à Charvieu-Chavagneux (Isère), le 3 avril 2024.

Marion Maréchal n’a croisé aucun judoka dans le gymnase David-Douillet de Charvieu-Chavagneux, mercredi 3 avril. La tête de liste Reconquête ! aux européennes a cependant déjà fait sien l’un des principes du sport martial : s’adapter plutôt que s’opposer à la force de l’adversaire ; en l’occurrence Jordan Bardella, qui caracole en tête des intentions de vote du scrutin du 9 juin.

De passage dans l’Isère, la trentenaire a défendu – et répété – son refus d’attaquer frontalement le représentant du Rassemblement national (RN). « Je pense qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire et de combat », a-t-elle martelé juste avant de monter sur scène : « Dans ces élections européennes, mes adversaires prioritaires sont d’abord la fausse droite, que je considère aujourd’hui incarnée par Les Républicains [LR] (…), et la vraie gauche, incarnée à la fois par le socialisme de monsieur Glucksmann et LFI [La France insoumise]. »

La petite-fille de Jean-Marie Le Pen explique qu’elle refuse de s’aliéner un possible allié, tandis que certains y voient des atermoiements qu’ils imputent à ses liens familiaux et passés avec le RN. « Si on trouve le chemin nécessaire au Parlement européen pour peser [sur des votes communs], j’espère qu’on trouvera demain le chemin pour travailler ensemble en France », soutient l’ancienne députée du Vaucluse, portée par la « nécessité stratégique électorale de la coalition de droite ». Marion Maréchal ne pouvait pas plus clairement maintenir la ligne de fracture qui déchire son actuel parti sur la position à tenir face au RN.

Fuite des électeurs

Reconquête ! n’a pas attendu ce printemps pour s’enliser dans les divisions. Deux clans s’étaient déjà formés depuis le lancement de la campagne, en septembre 2023 : d’un côté, les fidèles de la première heure d’Eric Zemmour, réunis autour de sa principale conseillère et compagne Sarah Knafo ; de l’autre, les proches de la première de liste, dont l’amitié remonte pour certains à leur passage au Front national (FN, devenu RN). Mais la révélation, fin mars, dans Le Point, d’un déjeuner tempétueux entre les deux têtes d’affiche du parti d’extrême droite a exacerbé les divergences stratégiques qui structurent leurs discours respectifs ; particulièrement les dissonances dans les attaques réservées − ou évitées – à Jordan Bardella.

Le dauphin de Marine Le Pen cristallise l’attention de Reconquête ! depuis que les sondages témoignent d’une possible fuite en sa faveur d’anciens électeurs d’Eric Zemmour à la présidentielle de 2022. 41 % d’entre eux s’apprêteraient à voter pour le RN, en juin, selon la troisième vague de l’enquête électorale menée par Ipsos (du 1er au 6 mars), en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde. Loin de convenir d’un même discours susceptible de décourager les fugues, la direction de Reconquête ! livre deux visions antagonistes du RN.

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