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L’inquiétante montée en puissance maritime de la Chine, nouveau géant des mers

Une image satellite du porte-avions « Fujian », après son lancement, au chantier naval de Jiangnan, à Shanghaï, le 18 juin 2022.

Cela devait être un casino flottant. La société de Macao qui avait déboursé 19 millions d’euros pour l’acheter l’avait promis. Le porte-avions, construit en Ukraine pour la Russie et vendu à la Chine en 2000, n’a jamais embarqué ni roulettes ni machines à sous. Rebaptisé Liaoning, il est devenu le premier navire de ce type pour la marine chinoise. Sa mise en service, en 2012, a confirmé la montée en compétences du chantier naval de la province qui lui a donné son nom. Elle a aussi fait taire tous ceux qui jugeaient les Chinois incapables d’armer ce type de bateau.

Vu des Etats-Unis, les 60 000 tonnes du Liaoning n’ont rien de très « diplomatiques », selon le qualificatif utilisé par l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger (1923-2023) pour décrire ce type de navire. L’évolution de la flotte de l’Armée populaire de libération est suivie de près par Washington. Au nombre de porte-avions en service, les Américains gardent l’avantage : ils en comptent onze.

Les Chinois ont cependant fait un bond considérable avec leur troisième navire, le Fujian, mis à l’eau en 2022 et actuellement en phase de test. Long de 316 mètres, il est équipé de catapultes électromagnétiques de la même technologie que celles qui seront embarquées sur le successeur du Charles-de-Gaulle. En attendant, le Fujian est le deuxième porte-avions au monde doté de ce système, après l’USS Gerald-Ford.

Bâtiments militaires XXL

Au-delà de la croissance continue de la flotte chinoise, les investissements réalisés par Pékin dans des infrastructures liées à la marine commencent à inquiéter les Américains et leurs alliés. En Afrique, en Amérique du Sud ou aux Caraïbes, des milliards de yuans sont investis dans des ports, des réseaux 5G, des activités spatiales aux applications civiles comme militaires. La générale américaine Laura Richardson s’en est inquiétée en mars devant la commission défense de la Chambre des représentants : « La Chine est en train d’appliquer notre stratégie consistant à être présent sur le plan économique et à équiper militairement nos voisins. »

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La Chine a investi dans quarante projets portuaires, des Bahamas à la pointe de l’Amérique du Sud, et aux deux entrées du canal de Panama. L’un des plus emblématiques reste le mégaport construit pour 3,6 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) à Chancay, au Pérou, à 75 kilomètres de Lima. Il est destiné à accueillir des conteneurs géants, voire des bâtiments militaires XXL comme des porte-avions.

La Chine compte aussi déjà six sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire et six sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. « L’eau est le meilleur isolant qui soit. Tout ce qui est immergé est difficilement traçable », explique Clément Galic, cofondateur d’Unseenlabs, une start-up française qui a lancé dans l’espace treize satellites pour repérer l’activité dans les océans. Sous l’eau, la Chine devrait compter soixante-cinq unités d’ici à 2025 et quatre-vingts d’ici à 2035.

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