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Vampire Weekend convie à une étrange fête foraine avec son nouvel album, « Only God Was Above Us »

Le groupe Vampire Weekend, en janvier 2024. De gauche à droite : Chris Tomson (batterie), Ezra Koenig (chant, guitares et claviers) et Chris Baio (basse).

Dès un premier album sans titre en 2008, Vampire Weekend s’est imposé comme l’un des groupes les plus subtils et originaux d’une scène new-yorkaise qui avait retrouvé ses réflexes punk rock à la faveur de l’avènement des Strokes. Aiguillé par un leader au nom souverain, Ezra Koenig, il avait concocté une fusion irrésistible de pop baroque sur instruments anciens (en héritier des concitoyens de The Left Banke), de boucles de guitares africaines (avec le juju du Nigérian King Sunny Adé comme modèle apparent) et d’angulosité rythmique.

Lire la critique de « Father of the Bride » (en 2019) : Article réservé à nos abonnés Vampire Weekend renaît au soleil de la Côte ouest

Difficile, après cela, de renouveler l’effet de surprise qui avait valu à Vampire Weekend les plus élogieuses comparaisons, avec Talking Heads ou le Paul Simon mondialiste de Graceland (1986). Après un Contra (2010) reprenant une manière enrichie de ska et de rythmes latinos, le quatuor s’y est essayé avec plus ou moins de succès : l’allégresse a fait place à la gravité et la spontanéité aux expériences de studio pour Modern Vampires of the City (2013), avant que le double Father of the Bride (2019) n’opte pour une ouverture tous azimuts, en multipliant les collaborations et les genres, de la country au R’n’B. Au risque de se perdre.

La notion de groupe devenant d’ailleurs incertaine, puisque ni le bassiste Chris Baio ni le batteur Chris Tomson ne jouaient sur ce précédent album, qui ressemblait à une aventure en solo d’Ezra Koenig. Ils ont réintégré les rangs pour Only God Was Above Us, cinquième opus qui permet de les resserrer en trio. Le quatrième larron, le multi-instrumentiste Rostam Batmanglij, a décidé de prendre son indépendance, mais reste impliqué dans la production aux côtés du fidèle Ariel Rechtshaid.

Dans les entrailles de Manhattan

Nomade, puisqu’il a été enregistré à New York, à Los Angeles, à Londres et à Tokyo, Only God Was Above Us plonge et fouille cependant dans les entrailles de Manhattan, pour provoquer un coup de foudre similaire à celui de la première fois. Le titre pourrait laisser croire à un égarement mégalomaniaque, s’il ne se référait à la réaction d’un passager du vol 243 d’Aloha Airlines, le 28 avril 1988, qui fit la manchette du New York Daily News. Il était l’un des quatre-vingt-quatorze miraculés (seule une hôtesse de l’air fut emportée) de la décompression explosive qui avait arraché une partie du toit de l’avion, à Hawaï. La pochette est ainsi illustrée d’une image prise par Steven Siegel, qui a photographié New York pendant quatre décennies : on voit au premier plan un passager lisant un exemplaire de cette édition. Le reste de la rame est vide, dévasté, le métro est à l’abandon.

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