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Agression de Samara à Montpellier : trois mineurs mis en examen pour tentative d’homicide volontaire

Le collège Arthur-Rimbaud, où est scolarisée Samara, 13 ans. A Montpellier, le 4 avril 2024.

Trois jours après l’agression de Samara, 13 ans, dans le collège Arthur-Rimbaud de Montpellier, où elle est scolarisée, les trois mineurs interpellés au cours de la semaine ont été mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire » et placés sous contrôle judiciaire, a annoncé le parquet de Montpellier, vendredi 5 avril, dans un communiqué.

Ces trois mineurs − une jeune fille de 14 ans et deux garçons de 14 et 15 ans −, qui avaient été placés en garde à vue mercredi après leur interpellation, ont tous reconnu dans la journée de vendredi avoir frappé Samara, avait précisé auparavant le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent, qui avait requis le placement en détention provisoire du plus âgé des trois agresseurs, « suspecté d’avoir porté les coups les plus violents » à Samara, qui est désormais sortie du coma. Une demande qui a donc été rejetée par le juge des libertés et de la détention. Les jeunes gens ont, en outre, interdiction notamment d’entrer en contact avec Samara et de retourner dans leurs collèges respectifs. La jeune fille mise en examen est une élève, comme Samara, du collège Arthur-Rimbaud, dans le quartier populaire de La Mosson-La Paillade, et les deux garçons sont scolarisés dans d’autres établissements de la ville.

Selon le parquet, qui n’évoque aucune dimension religieuse, ce déferlement de violence trouverait son origine dans des « invectives » entre élèves sur les réseaux sociaux.

Le mineur de 15 ans a également été mis en examen pour des faits de violence antérieurs, également sur mineure de 15 ans, a précisé le procureur de Montpellier dans son communiqué, vendredi soir, sans dire si cette victime était également Samara.

« Prise en grippe » depuis plus d’un an, selon la mère de Samara

Réagissant à ce drame, ainsi qu’à l’agression de Shamseddine, un adolescent âgé de 15 ans, mort vendredi après avoir été violemment agressé jeudi près de son collège, à Viry-Chatillon (Essonne), Emmanuel Macron a appelé vendredi à ce que l’école reste « un sanctuaire »« une forme de violence désinhibée chez nos adolescents » n’aurait pas sa place. « Nous serons intraitables contre toute forme de violence (…), il faut protéger l’école de ça », a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une visite d’un établissement scolaire à Paris, en restant très prudent sur les causes et les circonstances de ces deux agressions, lesquelles se sont déroulées hors de l’enceinte scolaire. « Je ne sais pas si l’école est liée à ça » et « je ne veux pas qu’on fasse des raccourcis peut-être excessifs », a insisté M. Macron.

Avant même ces mises en examen, la rectrice de l’académie de Montpellier, Sophie Béjean, avait « décidé d’engager immédiatement les procédures disciplinaires » à l’encontre de ces trois élèves, avait fait savoir l’académie dans un communiqué vendredi après-midi, précisant que « les conseils disciplinaires ser[aie]nt réunis au plus vite »

Entendue brièvement, Samara a « confirmé les violences dont elle a fait l’objet ». Elle « n’a en revanche pas évoqué » des faits de « harcèlement sur une longue période », selon le procureur, qui n’évoque aucune dimension religieuse. Devant les médias, la mère de l’adolescente a affirmé que sa fille avait été « prise en grippe » depuis plus d’un an par une camarade de collège, qui la traitait de « mécréante ». Sans doute en raison de sa façon de se vêtir, a avancé la mère, évoquant l’hypothèse d’un conflit relatif à la pratique religieuse.

« En l’état des investigations, il apparaît que cette agression s’inscrit dans le contexte d’un groupe d’adolescents qui avaient l’habitude de s’invectiver » sur les réseaux sociaux et d’y publier des photos, a expliqué M. Belargent, selon qui « la tension entre les mis en cause et la victime résulterait pour partie de ces publications ».

Enquête administrative

L’aspect éventuellement religieux de ce dossier a été commenté par certains politiques, poussant la mère de Samara jeudi soir, sur le plateau de « Touche pas à mon poste !  », sur C8, à dénoncer « l’instrumentalisation de la souffrance de [sa] fille par l’extrême droite ».

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Jeudi, le député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj, secrétaire national à la laïcité de son parti, a, lui, annoncé saisir la justice pour des « menaces de nature religieuse » qui auraient eu lieu avant l’agression de Samara. Dans son courrier au procureur de Montpellier, il soulignait que, selon la mère de la victime, « sa fille, de confession musulmane, était traitée de “kouffar”, ce qui veut dire “mécréante” en arabe, et de “kahba”, ce qui signifie “pute”, et ce, parce qu’elle “se maquille” et “s’habille à l’européenne” ».

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a rejeté vendredi « toute instrumentalisation politique » et stigmatisation de l’islam, estimant que le véritable problème est « la banalisation de l’extrême violence et l’impact nocif des réseaux sociaux ».

En parallèle de l’enquête pénale, « un inspecteur et une inspectrice » chargés par la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, de mener une enquête administrative, afin de déterminer si des fautes ont été commises parmi le personnel de l’établissement, sont bien arrivés au collège Arthur-Rimbaud, vendredi matin, où ils ont « entamé leurs auditions », a annoncé à l’Agence France-Presse l’académie de Montpellier. Ils ont huit jours pour rendre leur rapport à la ministre, qui a prévenu jeudi que son « bras ne tremblera[it] pas » s’il fallait prendre des sanctions.

Le Monde avec AFP

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