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Les tonnes d’or convoitées de l’épave du « San-José », galion espagnol coulé au large de la Colombie en 1708

L’épave du galion espagnol « San-José », au large de Carthagène, dans la mer des Caraïbes, en Colombie, le 6 juin 2022.

La fabuleuse cargaison d’or, d’argent et de pierres précieuse du San-José, un galion espagnol qui gît dans les abysses de la mer des Caraïbes, a longtemps fait rêver les chasseurs de trésors. Les restes du navire, coulé par les Anglais en 1708, n’ont été officiellement retrouvés qu’en 2015, au large de Carthagène des Indes, dans le nord de la Colombie. Le président, Juan Manuel Santos, alors au pouvoir, évoquait « une des plus grandes trouvailles de patrimoine submergé de l’histoire, si ce n’est la plus grande ».

La Colombie ne doute pas de ses droits sur l’épave qui, depuis trois siècles, gît par 600 mètres de fond dans ses eaux territoriales. La récupération des objets contenus dans les cales du San-José commencera en avril. Les autorités colombiennes ont acquis un robot de conception suédoise pour procéder à « l’extraction » des premières reliques. L’opération, menée par une équipe interdisciplinaire, qui réunit fonctionnaires, militaires et experts, se veut scientifique. Mais elle attise craintes, convoitises et litiges.

Depuis 2015, l’Espagne réclame la propriété de ce qui fut son « navire de guerre », en invoquant une convention de l’Unesco de 2001 sur le patrimoine submergé. La communauté autochtone des Qhara Qhara, en Bolivie, rappelle que les richesses embarquées sur le San-José, au temps de la colonie, furent pillées sur son territoire. La compagnie américaine Sea Search Armada exige 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) – soit la moitié de ce qu’elle estime être la valeur actuelle du San-José –, au motif qu’elle aurait, la première, découvert l’épave au début des années 1980. Les archéologues souhaitent, eux, que celle-ci et ses richesses restent au fond de l’eau.

Le mot « trésor » banni

Le 19 mars, à Bogota, la commission d’accusation de la Chambre des représentants a annoncé l’ouverture d’une enquête sur Juan Manuel Santos, contre qui une plainte pour « violation du site archéologique » et vol d’objets de l’épave engloutie a été déposée. M. Santos avait, en 2017, annoncé un partenariat public-privé (PPP) avec l’entreprise suisse Maritime Archaeology Consultants (MAC) pour remonter l’épave et vendre une partie de son contenu. Contesté dès sa signature, le PPP a tourné court. Sous la pression des scientifiques, la politique a changé : en 2020, le San-José et son contenu étaient déclarés « bien culturel », ce qui empêche toute monétisation.

Le mot de « trésor » est, aujourd’hui, banni du discours officiel. « Le San-José est un patrimoine national, indivisible, inaliénable et insaisissable », explique l’amiral colombien, Hermann Leon. « Le San-José a une valeur inestimable, pour la science et l’archéologie. Mais il n’a pas de prix, complète Alhena Caicedo, directrice de l’Institut colombien d’anthropologie et d’histoire (Icanh). Notre objectif n’est pas d’aller repêcher des lingots d’or mais de mener un travail archéologique sérieux. »

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