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Face à sa montagne de dette, Patrick Drahi engage un jeu musclé avec ses prêteurs

Patrick Drahi, à Paris, en avril 2016.

Après Casino et Atos, un nouveau feuilleton financier se profile. Et, compte tenu de sommes en jeu quatre à cinq fois plus importantes, le récit s’annonce encore plus haletant. Altice France, le groupe de Patrick Drahi, détenteur de l’opérateur de télécoms SFR, a lancé la semaine dernière une opération de restructuration de sa dette qui culminait, fin 2023, à 24,3 milliards d’euros.

Pour Altice, ce niveau est intenable alors que SFR perd plusieurs centaines de milliers de clients chaque trimestre depuis un an et demi. Mercredi 20 mars, lors de la présentation des résultats 2023, réunion téléphonique à laquelle n’a pas participé Patrick Drahi, la direction du groupe a expliqué, schématiquement, qu’il faudrait faire tomber la dette vers un niveau de l’ordre de 16 milliards d’euros pour assurer un avenir durable à l’opérateur, soit 8 milliards de moins qu’actuellement.

Mais pour y parvenir, elle a prévenu les prêteurs qu’il leur faudra abandonner une partie de leurs créances, soit une perte de l’ordre de 30 %. Un investisseur qui aurait prêté 100 à Altice France ne se retrouverait donc plus qu’avec 70. Altice se dit prêt à contribuer à ce plan de désendettement, en utilisant les deux milliards d’euros récupérés de la vente des centres de données et de BFM-TV. Mais à condition que les prêteurs acceptent de faire l’effort demandé.

Hedge funds déterminés

Les créanciers d’Altice France, essentiellement des fonds spécialisés dans la dette risquée (hedge funds), ne s’attendaient pas à une telle annonce, de cette façon, et la jugent particulièrement hostile – certains n’hésitent pas à parler de « chantage ». Depuis l’affaire de corruption présumée qui vise son ancien associé, Armando Pereira, Patrick Drahi avait promis qu’il était prêt à vendre certaines de ses entreprises, y compris SFR, pour rembourser sa dette. Après les déclarations de la semaine dernière, les créanciers redoutent que l’homme d’affaires utilise le produit de la vente des centres de données et de BFM-TV, mis de côté, pour verser un dividende à ses holdings personnelles.

Les hedge funds sont déterminés à ne pas se laisser faire. Afin de fédérer un front commun, plusieurs d’entre eux ont embauché la banque d’affaires Houlihan Lokey, ainsi que les cabinets d’avocats Milbank et Willkie Farr, spécialistes des restructurations de dette. Signe de leur mobilisation : plus de cinq cents créanciers se sont connectés lors des deux réunions téléphoniques organisées vendredi 22 mars et samedi 23 pour comprendre les ressorts juridiques d’un dossier qui s’annonce particulièrement complexe, entre des holdings de tête néerlandaise et luxembourgeoise, une société Altice immatriculée en France et de la dette en très grande majorité de droit américain.

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