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Alexis Lebrun remporte un haletant duel fratricide face à son frère Félix et conserve sa couronne de champion de France de tennis de table

La joie d’Alexis Lebrun, en finale du championnat de France de tennis de table, après sa victoire face à Félix Lebrun, le 24 mars 2024 à Montpellier.

Quoi qu’il arrive, ils allaient régler ça en famille. Et à la maison, qui plus est. Dans un palais des sports René-Bougnol de Montpellier acquis à leur cause – en bons régionaux de l’étape –, les frères Alexis et Félix Lebrun se sont livrés, dimanche 24 mars, à un haletant duel pour la couronne de champion de France de tennis de table. Au terme d’une finale riche en rebondissements, le droit d’aînesse a une nouvelle fois prévalu dans la fratrie ; et Alexis Lebrun a remporté son troisième titre national d’affilée (4-2). Le deuxième d’affilée face à son numéro 5 mondial de frère, face à qui il demeure invaincu en seniors.

A voir les attitudes à la fin de la rencontre, la finale n’a rien eu de fraternel. D’un bond, Alexis Lebrun s’est hissé sur leur terrain de jeu – la table – comme pour mieux marquer son territoire, laissant exploser sa joie avec véhémence. De son côté, son cadet laissait couler ses larmes : même si son classement mondial en fait, à 17 ans, le meilleur pongiste de la planète derrière les inamovibles Chinois, et qu’il multiplie les résultats de haut vol (à l’image d’une demi-finale de Grand Smash à Singapour la semaine passée, équivalent d’un tournoi du Grand Chelem au tennis), il ne parvient toujours pas à être maître en son royaume. Chez les Lebrun, et par capillarité en France, Alexis conserve la main.

« C’était un match de fou, a commenté le vainqueur au micro du speaker après la rencontre, en félicitant son frère. Pour faire un match comme ça, il fallait être deux. Il y a eu une ambiance incroyable, c’était fou. » Moins bien classé que son cadet (22e mondial), Alexis Lebrun conserve encore une sorte d’avantage psychologique sur Félix, dont il est inséparable au quotidien. « Ils sont frères, mais aussi meilleurs amis, copains de chambre…, commentait dans L’Equipe cette semaine Jérémy Surault, leur coach de longue date et préparateur physique. Ils passent leur temps libre à discuter. Et ils restent souvent jusqu’au bout des tournois, quand les autres rentrent et se reposent individuellement. C’est ce qui fait leur différence, et les fait avancer aussi. » Fonctionnant avec le même staff, les deux frères se sont retrouvés livrés à eux-mêmes en finale – pour qu’aucun des deux ne soit avantagé.

Deux « frères de lance » du tennis de table tricolore

Après deux premiers sets à sens unique (dans une finale au meilleur des sept manches), où Alexis Lebrun a dominé sans trembler son cadet, comme inhibé, Félix Lebrun a commencé à se libérer. Le challenger, entré en finale au son de la Marche impériale de John Williams – titre issu de la bande originale de Star Wars, et associé à Dark Vador – a tout tenté pour remettre en cause la hiérarchie familiale. Dans une rencontre redoublant d’intensité, où chacun des deux concurrents rivalise d’audace pour tenter de tromper son adversaire – qui le connaît par cœur –, Félix Lebrun a égalisé à deux manches partout… avant de céder le cinquième set. Dos au mur, dans la sixième reprise, il n’est pas passé loin de propulser la finale dans une haletante septième manche, mais ses trois balles de set ont été sauvées. De son côté, après avoir échoué à concrétiser deux balles de match, Alexis Lebrun a exulté sur la troisième (11-3, 11-6, 8-11, 9-11, 11-5, 16-14).

« J’espère que la finale sera aussi sympa, et que je vais aussi gagner à la fin », anticipait en plaisantant Alexis Lebrun sur La Chaîne L’Equipe, au sortir de sa demi-finale difficilement remportée face à Can Akkazu, sans minimiser l’ampleur de la tâche qui l’attendait. « C’est le numéro 5 mondial, un très gros joueur qui a montré une force mentale exceptionnelle [en demi-finale] face à Simon [Gauzy], il a prouvé qu’il était capable de retourner des situations. Ce n’est pas parce que je l’ai battu quand il était plus jeune et moins fort que ce sera aussi facile aujourd’hui. » Après la finale, le désormais triple champion de France (à 20 ans), est longuement allé réconforter son petit frère, en larmes et dépité. Comme une copie conforme de la finale dames, une heure plus tôt, qui a vu Camille Lutz, 21 ans, devenir championne de France en dominant sa sœur Charlotte Lutz.

Quelques semaines après la médaille d’argent mondiale décrochée lors des Mondiaux de Pusan (Corée du Sud) face à l’inébranlable armada chinoise (défaite 0-3), les deux « frères de lance » du tennis de table tricolore poursuivent leur éclatant parcours. Même s’il fallait un vainqueur, dimanche – à la différence de la veille, où le duo s’est adjugé le titre de champion de France en double –, Alexis et Félix Lebrun continuent de porter haut le tennis de table tricolore. A quatre mois des Jeux olympiques de Paris 2024 – où la Chine ne pourra envoyer toutes ses armes, limitation du nombre d’athlètes par pays oblige –, l’ambitieuse fratrie n’aurait rien contre se rencontrer à nouveau sur la scène olympique.

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