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Le maire d’Agde a été mis en examen et incarcéré après avoir été piégé par une médium, annonce le procureur de Béziers

Le palais de justice de Béziers (Hérault), le 1ᵉʳ septembre 2016.

Le maire d’Agde (Hérault), Gilles d’Ettore (Les Républicains, LR), a été mis en examen, jeudi 21 mars, notamment pour prises illégales d’intérêts et corruption, et placé en détention provisoire après avoir été piégé puis corrompu par une médium, a annoncé le procureur de Béziers, Raphaël Balland.

Cette femme de 44 ans, autoentrepreneuse à Agde, qui se présente comme voyante, médium et « guérisseuse », a également été placée en détention provisoire à l’issue de ses quarante-huit heures de garde à vue. Son mari, directeur des services techniques de la mairie d’Agde, a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le procureur dans un communiqué.

L’histoire s’avère rocambolesque : cette médium est soupçonnée d’avoir utilisé un « stratagème consistant à modifier sa voix auprès de nombreux interlocuteurs, y compris les membres de sa famille et ses proches amis », dont faisait partie le maire d’Agde, 55 ans, depuis leur rencontre en mai 2020. Elle l’aurait envoûté « en utilisant au téléphone cette voix d’apparence masculine, posée et rauque », afin de lui faire croire qu’il était « en conversation avec un être surnaturel provenant de l’au-delà », a détaillé le parquet. « Cette “voix” incitait principalement ses interlocuteurs à se soucier du bien-être de cette femme, y compris matériellement », précise le communiqué.

Victime d’escroqueries

Par ce stratagème, elle a reconnu, lors de sa garde à vue, avoir bénéficié de nombreuses prestations, principalement de la part de M. d’Ettore, maire d’Agde depuis 2001, président de l’agglomération Hérault Méditerranée et ancien député de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) de 2007 à 2012. Elle aurait ainsi obtenu le recrutement au sein de la commune ou de l’agglomération de cinq personnes de sa famille ou de son proche entourage amical, dont son propre mari en qualité de directeur technique de la mairie.

Ces faits lui valent d’être poursuivie pour escroqueries, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l’autorité publique, recel de corruption et travail dissimulé. Lors de sa garde à vue, elle a affirmé regretter son comportement, soutenant être entrée « dans une spirale dont elle n’arrivait plus à sortir ».

L’élu est poursuivi pour détournements de fonds par une personne dépositaire de l’autorité publique, prises illégales d’intérêts et corruption. Devant les enquêteurs, il a reconnu avoir été convaincu de l’existence de « la voix » et que cette femme, qu’il considérait comme sa fille, « était douée de pouvoirs surnaturels ». Il n’aurait pris conscience d’avoir été victime d’une escroquerie que lorsque les enquêteurs lui ont montré une vidéo de la femme en train de modifier sa voix. En revanche, il nie avoir commis un quelconque délit, précise le communiqué du parquet.

Le mari de la voyante, désormais interdit d’exercer sa fonction de directeur technique de la ville, est soupçonné de recel de prise illégale d’intérêts, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l’autorité publique et recel de corruption.

L’enquête, lors de laquelle une quarantaine de personnes ont été auditionnées, avait été lancée en octobre 2023, avant l’ouverture d’une information judiciaire contre X le 5 janvier, par le parquet de Béziers, notamment pour escroqueries en bande organisée.

Le Monde avec AFP

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