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Le directeur de la rédaction de « La Provence » mis à pied après un titre de « une » dénoncé par des élus macronistes, la rédaction en grève

Le siège du quotidien « La Provence », à Marseille, le 15 février 2022.

« Nous avons induit nos lecteurs en erreur, et La Provence leur présente ses plus profondes excuses. » Le message publié à la « une » du quotidien marseillais, vendredi 22 mars, sous la signature du directeur de la publication, Gabriel d’Harcourt, a ouvert une crise majeure dans ce groupe de presse, propriété du groupe CMA CGM de Rodolphe Saadé, via sa branche spécialisée Whynot Médias.

La veille, le journal a barré sa première page d’une citation choc d’un habitant de La Castellane, la cité où Emmanuel Macron a passé lundi 20 mars plus de trois heures pour présenter son opération nationale de lutte contre les trafics de drogue « Place nette XXL ». « Il est parti, et nous, on est toujours là », regrette une des personnes interviewées sur place par le quotidien marseillais, résumant le sentiment de déception des habitants que nombre de reporters et d’équipes de télévision ont également pu relayer dans la journée. Mais certains élus membres du camp présidentiel n’ont pas digéré cette phrase, l’interprétant comme une tribune ouverte aux trafiquants.

« C’est un bras d’honneur à la République et au boulot de tous ceux qui interviennent dans ces quartiers, forces de l’ordre, travailleurs sociaux, enseignants… », assure ainsi le conseiller régional Christophe Madrolle, qui s’en est ému sur X. L’élu, ancien d’EELV et du MoDem, et désormais proche du président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a signalé la parution au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et dit avoir échangé par texto avec Emmanuel Macron dans la journée.

Selon nos informations, l’émoi du camp présidentiel a eu de rapides conséquences, et le directeur général du groupe La Provence et directeur de la publication, Gabriel d’Harcourt, a été convoqué, jeudi 21 mars, au siège de la CMA CGM, propriétaire du journal, par les équipes de Rodolphe Saadé, soutien affirmé du président Macron. Interrogé par l’Agence France-Presse, M. d’Harcourt – qui avait été destinataire de la fameuse « une » avant parution sans y trouver matière à modification – a réfuté toute pression.

Echo à BFM-TV et RMC

En accord avec le directeur de Whynot Medias, la filiale médias du groupe CMA CGM, Jean-Christophe Tortora, et son directeur général délégué à l’information Laurent Guimier, présents dans les locaux de « La Provence » vendredi 22 mars, Gabriel d’Harcourt a toutefois décidé de mettre à pied et de convoquer pour un entretien préalable au licenciement le directeur de la rédaction, Aurélien Viers, qu’il avait lui-même nommé en janvier 2023. En déplacement, mercredi 20 mars, le jour de la réalisation de la « une » controversée, M. Viers aurait tenté le lendemain de faire modifier le message d’excuses imposé par son directeur de la publication.

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