Close

Non, les mammifères mâles ne sont pas plus gros que les femelles

Gazelle de Grant, femelle (à gauche) et mâle (à droite). Chez cette espèce, comme chez la plupart des bovidés, les mâles sont plus grands. Mais une étude vient de montrer que chez 55 % des espèces de mammifères, il n’y a pas de supériorité physique des mâles.

Cela semble presque une évidence : chez les mammifères, les mâles sont plus gros que les femelles. Lions, gorilles et autres cerfs ne seraient que les modèles d’une règle souffrant peu d’exceptions. Une étude publiée dans la revue Nature Communications, mercredi 13 mars, atteste pourtant qu’il n’en est rien.

Trois scientifiques de l’université de Princeton, dans le New Jersey, viennent en effet de conduire une revue systématique des connaissances. Et s’il apparaît que, chez 45 % des espèces, les mâles affichent un poids clairement supérieur à celui des femelles, 39 % des espèces ne présentent aucun dimorphisme avéré et, dans 16 % des cas, la balance pèse en faveur des femelles. Autrement dit, pour 55 % des espèces, il n’y a pas de supériorité physique des mâles.

Kaia Tombak et ses collaborateurs ont entrepris cette étude « un peu par hasard », avoue-t-elle : « Nous voulions travailler sur des espèces pour lesquelles mâles et femelles avaient la même taille et nous nous sommes aperçus que faire la différence entre monomorphisme et dimorphisme était très difficile tant les mesures semblaient grossièrement réalisées. Alors nous avons creusé. » Ils ont ainsi découvert un article de 1977, rédigé par la zoologiste américaine Katherine Ralls, qui déjà taillait en pièces l’hypothèse des « mâles plus gros ». « Mais ça ne semblait pas avoir changé le récit dominant, poursuit Kaia Tombak. Il fallait aller plus loin. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Zoologie : les chauves-souris, amies fidélisées

L’équipe a donc repris toutes les données et entrepris une étude plus poussée. D’abord en ne se contentant pas de poids moyens par espèce mais en y ajoutant la variance, autrement dit la dispersion des individus autour de cette moyenne. A cette approche statistique plus rigoureuse, ils ont ajouté une attention particulièrement vive à l’échantillon retenu. En effet, fauves, ours, primates ou ongulés restent ultraminoritaires parmi les mammifères. Les deux plus gros groupes – et de très loin – sont les rongeurs et les chauves-souris. Or, chez les premiers, le monomorphisme est majoritaire et, chez les secondes, le dimorphisme domine… mais en faveur des femelles.

La faute à Darwin

Certes, les éléphants de mer, avec des mâles plus de trois fois plus gros que les femelles n’ont pas d’équivalent. Mais, chez la chauve-souris asiatique Murina peninsularis, les femelles dépassent les mâles de 40 %. Quant au fossa de Madagascar, un mammifère à l’allure de félin, il présente deux morphotypes de mâles : l’un plus gros que celui des femelles, un autre de la même taille. Pour corriger cet écueil, l’étude a sélectionné 429 espèces représentatives des différents ordres et familles.

Il vous reste 34.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top